« pêcher.2 », définition dans le dictionnaire Littré
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pêcher [2]
- 1Prendre du poisson avec des filets ou autrement. Pêcher une anguille, une carpe.
Absolument.
Le maître de ce lieu dans huit jours pêchera
, La Fontaine, Fabl. X, 4.Pêcher à la ligne, chasser à l'oiseau, s'asseoir sur un port pour voir couler l'eau, voilà d'aimables délassements
, Picard, M. Musard, SC. 8.Suétone nous apprend qu'Auguste… s'amusait, pour chasser apparemment l'ennui qui l'accablait quelquefois sur le trône, à pêcher à la ligne
, Ameilhon, Inst. Mém. litt. et beaux-arts, t. v, p. 407.Pêcher à la foule, marcher à pieds nus sur le sable, pour sentir les poissons qui, à la marée basse, y sont restés enfouis.
Pêcher en eau trouble, voy. EAU, n° 4.
Fig. et populairement. Pêcher au plat, prendre au plat même.
- 2Pêcher un étang, pêcher tout le poisson d'un étang.
- 3Il se dit de tout ce qu'on tire de l'eau. Pêcher des perles, du corail.
- 4 Fig. et familièrement. Prendre, avec une nuance de mépris.
J'ai bien envie d'en savoir votre avis [de cette devise], et où je l'ai pêchée ; car je ne crois pas l'avoir faite
, Sévigné, 98.Quel plaisir prenez-vous à dire du mal de votre esprit ?… où pêchez-vous cette fausse et offensante humilité ?
Sévigné, 6 janv. 1672.Je ne sais où j'ai pêché un si sot frère !
D'Allainval, École des bourg. I, 2.C'est un ours mal léché, Votre homme ; où l'avez-vous pêché ?
Béranger, Orang-out.Où a-t-il pêché cela ? se dit de quelque trouvaille, et aussi de quelque idée étrange, fausse, qui vient à l'esprit de quelqu'un.
Où mon gros abbé Mignot a-t-il pêché que le style est dans le goût de Sémiramis et de Mahomet ?
Voltaire, Lett. d'Argental, 1er janv. 1777.PROVERBE
Toujours pêche qui en prend un, c'est-à-dire ce n'est pas perdre tout à fait son temps que de faire un petit gain.
HISTORIQUE
XIIe s. Cil qui devoit estre estaulis [établi] por pesxier les hommes
, Saint Bernard, 571.
XIIIe s. Nus n'est defenduz d'aler à la rive de la mer, par achoison de poechier, en tel meniere qu'il ne face por ce viles ne maisons ou rivage
, Liv. de just. 63.
XVe s. Philippe d'Artevelle n'estoit mie bien subtil à faire la guerre ni sieges ; car, de sa jeunesse, il n'y avoit esté point nourri, mais de pescher à la verge aux poissons
, Froissart, II, II, 165.
XVIe s. Qui sera en cherche de la science, si la pesche où elle se loge
, Montaigne, II, 98. Il pescha en sa boëte une poignée d'escus
, Montaigne, IV, 8. Il n'est que pescher en grand vivier
, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 91. Pescher en eau trouble est gain triple ou double
, Leroux de Lincy, ib. p. 370. Les despens montent plus que le principal ; c'est pescher, comme l'on dict, en filets d'or et de pourpre
, Charron, Sagesse, I, 23. Il faut perdre un veron pour pescher un saulmon
, Cotgrave †
ÉTYMOLOGIE
Wallon, pehi ; bourguig. poché ; HauteNormandie, pêquer ; prov. et espagn. pescar ; ital. pescare ; du lat. piscari, qui vient de piscis (voy. POISSON).