« page », définition dans le dictionnaire Littré

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

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(pa-j' ; d'après Chifflet, Gramm. p. 183, l'a était long : pâge) s. f.
  • 1L'un des côtés d'un feuillet de papier, de parchemin, etc. Les deux pages d'un feuillet. Le nombre des pages dans une feuille d'imprimerie est déterminé par le format : il y en a quatre dans une feuille in-folio, huit dans une feuille in-quarto, seize dans une feuille in-octavo, etc. L'Ecclésiaste, après avoir commencé son divin ouvrage par les paroles que j'ai récitées [vanité des vanités], après en avoir rempli toutes les pages du mépris des choses humaines, Bossuet, Duch. d'Orl. De l'encre, du papier ! dit-il [Linière] ; qu'on nous enferme ! Voyons qui de nous deux, plus aisé dans ses vers, Aura plus tôt rempli la page et le revers, Boileau, Ép. II. Si l'on ôte de beaucoup d'ouvrages de morale l'avertissement au lecteur, l'épître dédicatoire, la préface, la table, les approbations, il reste à peine assez de pages pour mériter le nom de livre, La Bruyère, I.

    Poétiquement et fig. Les cieux pour les mortels sont un livre entr'ouvert… Chaque siècle avec peine en déchiffre une page, Lamartine, Harm. II, 4.

    Page blanche, page où il n'y a rien d'écrit. Sur cette page blanche où mes vers vont éclore, Qu'un regard quelquefois ramène votre cœur ; De votre vie aussi la page est blanche encore ; Que ne puis-je y graver un seul mot : le bonheur ! Lamartine, Pièces div. Vers sur un album.

    Fig. Ah ! grâce aux passions que mon cœur se retranche, Puisse toute ma vie être une page blanche ! Lamartine, dans le Dict. de DOCHEZ.

  • 2Écriture ou impression contenue dans la page. Une page à deux colonnes. Il y a tant de lignes a la page. Tous les jours malgré moi, cloué sur un ouvrage, Retouchant un endroit, effaçant une page, Boileau, Sat. II. Tout le mal est dans ce peu [le peu de pages d'un pamphlet] ; seize pages, vous êtes pamphlétaire : faites-en seize cents, vous serez présenté au roi, Courier, Pamphl. des pamphl.

    Terme d'imprimerie. Mettre en pages, rassembler des paquets de composition pour en former des pages.

    Metteur en pages, le compositeur chargé de cette opération.

  • 3Le contenu de la page, par rapport au sens, au style. Pour dernier exemple des exagérations dont je me plains, j'alléguerai ce que les mystiques répètent à toutes les pages, que…, Bossuet, Ét. d'orais. I, 8. Deux ou trois pages auraient suffi pour la vérité, les passions firent des livres, Fontenelle, Guglielmini. Une page de Locke contient plus de vérités que tous les volumes de Malebranche, Diderot, Opin. des anc. philos. (malebranchisme). Aussi a-t-il écrit de belles pages, comme il disait lui-même, mais il n'a jamais fait un livre, Marmontel, Mém. VII. La Bruyère s'est amusé à écrire une page dans le style de Montaigne ; et il l'a très bien imité, Marmontel, Élém. litt. Œuv. t. IX, p. 188, dans POUGENS. Oh ! qu'une page pleine dans les livres est rare, et que peu de gens sont capables d'en écrire dix sans sottises ! Courier, Pamphl. des pamphl.

    Fig. C'est la plus belle page de son histoire, c'est l'action qui lui fait le plus d'honneur.

  • 4 Terme de botanique. Chacune des deux surfaces d'une feuille plane.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, pâg, paûg ; prov. espagn. et ital. pagina ; du lat. página, où l'accent est sur a, de pagere, pangere, fixer ; grec πηγνύω. Le sens propre est lame, plaque, chose que l'on fixe. Festus dit autrement : Paginæ dictæ, quod in illis versus (des lignes d'écriture) panguntur, id est figuntur. Bien qu'on ne trouve pas d'exemple de ce mot, il doit être ancien ; car página n'a pu donner page que dans l'origine de la langue.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. PAGE. Ajoutez :
5 Fig. Page se dit, en peinture, d'une composition que l'on compare à une page de style. Cette petite page de peinture, comme on dit en français banal, fait songer à certaines pages des romans de George Sand, la Petite Fadette ou Geneviève, Bürger, Salons de 1861 à 1868, t. II, p. 482.