« patelin », définition dans le dictionnaire Littré

patelin

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

patelin [1]

(pa-te-lin) s. m.
  • 1Nom d'un personnage d'une vieille comédie de la fin du XIVe siècle ou du commencement du XVe, qui, par ses flatteries, se fait vendre à crédit du drap, et, par de vaines paroles et des contes en l'air, échappe au payement. Les hoirs de défunt Patelin, Inconnus chez Plaute et Térence, Ont envahi toute la France, Car ils sont bénis du malin, Les hoirs de défunt Patelin, Génin, Patelin, dédicace.
  • 2 Fig. Celui qui tâche, par des flatteries et de belles paroles, de tromper, ou, simplement, d'en venir à ses fins (avec un p minuscule). Ce n'était point Tartufe, ce n'était point un patelin, c'était un prélat de conséquence, prêchant avec dignité et parcourant toute la vie de cette princesse [la duchesse de Longueville] avec une adresse incroyable, Sévigné, 12 avril 1680. Une preuve qu'elle [la comédie] a eu un grand succès, c'est qu'elle a donné de nouveaux mots à la langue et fait des proverbes : Patelin, qui n'était qu'un nom fait à plaisir comme Tartufe, est devenu un mot de la langue qui signifie flatteur et trompeur, de la même manière que Tartufe signifie présentement un faux dévot, Fontenelle, Hist. théâtr. fr. Œuv. t. III, p. 49, dans POUGENS. Ah ! combien j'ai connu de ces amis bénins Qui marchent à leur but en rusés patelins ! Al. Duval, Manie des grand. II, 7.

    Archi-patelin, voy. ARCHI.

    Adj. Il se dit du ton, des manières. Le zélé père, charmé de l'ouverture, devint radieux, caressant, et, après plusieurs circonvolutions patelines, des mots entrecoupés : ce n'est pas tout, dit-il…, Duclos, Œuvr. t. VI, p. 101. Un petit homme à ces mots s'approche avec un air patelin, et d'une voix de fausset…, Gilbert, le Carnaval des auteurs. La vieille, qui devenait de jour en jour plus flagorneuse et plus pateline avec moi, Rousseau, Confess. IX. L'égoïsme patelin des hommes ambitieux leur enseigne l'art de combiner les raisonnements opposés, afin de se mêler de tout comme un païen, et de se soumettre à tout comme un chrétien, Staël, Allem. III, 13.

  • 3Langage de patelin (inusité en ce sens). Le pauvre tu détruis, la veuve et l'orphelin, Et ruines chacun avec ton patelin, Régnier, Sat. X.

SYNONYME

1. PATELIN, PAPELARD., Le patelin flatte et trompe. Le papelard trompe aussi, mais c'est en simulant la dévotion.

2. PATELIN, PATELINEUR., Le patelin est, de sa nature, flatteur pour tromper. Le patelineur est celui qui pateline ; il peut n'être pas patelin de nature, et pateliner seulement par occasion et circonstance.

HISTORIQUE

XVe s. B. J'ay train de seigneur. - M. Pas de saige. - B. Ressourdant, comme bel Alain. - B. Pathelin en main. - M. Dire raige, Villon, Baillevent et malepaie.

XVIe s. C'estoit un tour de patelin, Bouchet, Serées, liv. II, p. 90, dans LACURNE. Le bruyt avez d'estre fourbisseresses ; Par cueur sçavez les ruses Pathelin, Roger de Collerye, Œuv. p. 167, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

On ne sait d'où vient ce nom de comédie qui, du théâtre, passa promptement dans le langage commun. Cependant du Cange paraît offrir la vraie origine au mot paterinus. Il y eut, dans le XIe siècle, des hérétiques qu'on nomma paterins, patalins, palatins ; il rapporte ceci du XIIIe siècle : Et por ce sunt il dit paterins, et est autant à dire come deviseres. Paterin avait pris le sens de deviseur, parleur, celui qui trompe par la parole ; c'est la signification même de patelin, et, quant au changement de l'r en l, rien de plus facile. Les auteurs sont en désaccord sur l'étymologie du met paterin (voy. PATARIN). Il n'est pas vraisemblable que l'ancien verbe pateller, qui signifiait le chant inarticulé d'un jeune oiseau (to chytter as a yonge byrde dothe, byfore she can synge her tune : Ce petit oiselet commence à pateller, mais il ne sçayt pas encore chanter son lay à playn, PALSGRAVE, p. 484) ait rien de commun avec patelin.