« peigner », définition dans le dictionnaire Littré

peigner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

peigner

(pè-gné) v. a.
  • 1Démêler, arranger les cheveux, les poils, nettoyer avec un peigne. Peigner ses cheveux, sa barbe. Peigner la crinière d'un cheval. Elle [l'histoire de l'empire d'Orient] nous montre de misérables eunuques qui n'avaient appris qu'à peigner des femmes et à filer, érigés tout d'un coup en chefs de conseil et en capitaines généraux, Guez de Balzac, De la cour, 2e disc. Cet espion rapporta [à Xerxès] qu'il avait trouvé les Lacédémoniens hors des retranchements, qui se divertissaient aux exercices militaires, et qui peignaient leur chevelure ; c'était leur manière de se préparer au combat, Rollin, Hist. anc. t. III, p. 215, dans POUGENS. Toute ta science ne se borne point à bien faire un message, à savoir peigner une perruque, Dancourt, Déroute du pharaon, sc. 11.

    Par extension. Peigner du lin, du chanvre.

    Fig. S'il vous en faut encore une autre [tête], je vous abandonne celles de Pompignan, Fréron et Trublet, que vous avez déjà si bien peignées [dont vous vous êtes tant moqué], D'Alembert, Lett. à Volt. 18 oct. 1760.

  • 2Chez les fleuristes, arranger toutes les parties d'une fleur, afin de la rafraîchir.
  • 3Peigner à l'eau, peigner la laine trempée dans de l'eau de savon ; peigner à l'huile, peigner la laine arrosée d'huile pour la laver après.
  • 4 Terme de marine. Peigner les bouts d'un toron ou d'un cordage, les détortiller et en gratter le chanvre avec un couteau pour le nettoyer et l'effiler.
  • 5Fig. En termes de beaux-arts et de littérature, travailler, soigner, châtier, polir. Peigner son style.
  • 6 Fig. et populairement. Battre, maltraiter. J'aurais, ma foi, bien voulu qu'elle s'y fût frottée ; je vous l'aurais peignée en enfant de bonne maison, Comte de Caylus, Écosseuses, Œuv. t. X, p. 528, dans POUGENS.
  • 7Se peigner, v. réfl. Peigner ses cheveux. Il veut partir à jeun ; il se peigne, il s'apprête, Boileau, Lutr. V.

    Populairement. Se prendre aux cheveux et par suite, se battre.

    Voilà où les chats se peignent, voilà où est la difficulté.

HISTORIQUE

XIIe s. Es dens del peigne ot [il y eut] des chevos [cheveux] Celi [de celle] qui s'en estoit peigniée, la Charrette, 1354.

XIIIe s. Quant Renart l'a veü, por sot Se tint, si torne le talon, Et cil l'aert par le crepon, As denz le pigne et house et hape, Ren. 25667. Il [Louis IX] venoit en jardin de Paris, une cote de chamelot vestue… moult bien pigné et sanz coiffe, Joinville, 199.

XIVe s. À Jehan le huchier, demourant à Paris, pour le fust d'une chaiere à pignier le chef du roi nostre seigneur, De Laborde, Emaux, p. 310.

XVe s. [Ivain] se faisoit pigner et galonner le chef une longue espace, Froissart, II, II, 30.

XVIe s. La sagesse employe ses artifices à nous peigner et farder les maux, Montaigne, I, 228. Print un gros baston, duquel il commença à le peigner de toutes les façons, Nuits de Straparole, t. II, p. 141.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, peigni ; bourg. pignaì ; provenç. penchenar ; catal. pentinar ; espagn. peinar ; portug. pentear ; ital. pettinare ; du lat. pectinare, qui vient de pecten, peigne.