« pillage », définition dans le dictionnaire Littré

pillage

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pillage

(pi-lla-j', ll mouillées, et non pi-ya-j') s. m.
  • 1Action de piller, ou le dégât qui résulte de cette action. Ils couraient au pillage et rencontrent la guerre, Corneille, Cid, IV, 3. Notre infanterie, sans s'amuser au pillage…, Pellisson, Lett. hist. t. III, p. 233, dans POUGENS. Du pillage du temple épargnez-moi l'horreur, Racine, Athal. V, 2. À cela [les motifs qui animaient les troupes] il faut bien ajouter l'espoir du pillage ; car l'exigeante ambition de Napoléon avait souvent rebuté ses soldats, comme les désordres de ceux-ci avaient gâté sa gloire ; il fallut transiger : depuis 1805, ce fut comme une chose convenue ; eux souffrirent son ambition ; lui, leur pillage, Ségur, Hist. de Nap. III, 3. Ce fut là qu'il nomma le maréchal Mortier gouverneur de cette capitale : Surtout, lui dit-il, point de pillage ; vous m'en répondez sur votre tête ; défendez Moscou envers et contre tous, Ségur, ib. VIII, 6.

    Familièrement. Il semble qu'il revienne du pillage, il est fait comme un voleur qui revient du pillage, se dit d'un homme dont les habits, les cheveux, etc. sont fort en désordre.

  • 2Concussion, volerie. Sous vous l'État n'est plus en pillage aux armées, Corneille, Cinna, II, 1.

    Familièrement. Tout y est au pillage, se dit d'une grande maison où tous les domestiques prennent et grappillent.

  • 3 Par exagération, se dit de l'action de prendre, comme ferait un ennemi, ce qui est dans un jardin, dans un parterre, etc. Nous sommes allés mettre au pillage les parterres de M. Poultier, Diderot, Est-il bon ? est-il méchant ? III, 2.
  • 4 Fig. Action de gaspiller. Tes folies n'ont-elles pas mis tes jours et tes nuits au pillage, sans que tu t'en sois aperçu ? Diderot, Claude et Nér. II.
  • 5 Fig. Action de prendre des passages dans les livres des autres. J'ai traduit de Lucain tout ce que j'y ai trouvé de propre à mon sujet, et, comme je n'ai point fait de scrupule d'enrichir notre langue du pillage que j'ai pu faire chez lui…, Corneille, Pomp. Examen. Sans vous parler des pillages bien attestés dont on a prouvé d'abord que cette pièce était composée, Rousseau, 1er dial.
  • 6Ancien terme de mer. Le pillage se disait de la dépouille des coffres, des hardes, et de l'argent qui se trouvait sur l'ennemi, jusqu'à trente livres ; le gros de la prise se disait butin.

HISTORIQUE

XIVe s. Les choses perdues par pillage de ennemis, Bercheure, f° 71, verso. Le pillage et le gastement de vos contrées, Bercheure, f° 98.

XVe s. Messeigneurs, ayez bon corage, Que jamais vous n'eustes pillage Où vous amendissiez de tant, Myst. du siége d'Orléans, p. 770.

XVIe s. Ventre saint Gris, dit le roy, qui lors ne juroit pas à la romaine, il y a tant d'années que mon royaume est au pillage, pourquoy n'avez-vous rien volé ? D'Aubigné, Conf. LIV. Il achepta trois jeunes garsons, quand on vendit le pillage au plus offrant, Amyot, Caton, 20.

ÉTYMOLOGIE

Piller ; wallon, pyeg ; provenç. pilatge ; catal. pillatge ; espagn. pillage ; portug. pilhagem.