« pilier », définition dans le dictionnaire Littré

pilier

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pilier

(pi-lié : l'r ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des pi-lié-z élégants) s. m.
  • 1Tout massif qui sert à soutenir quelque partie d'un édifice. Entre ces vieux appuis dont l'affreuse grand'sale Soutient l'énorme poids de sa voûte infernale, Est un pilier fameux des plaideurs respecté, Et toujours de Normands à midi fréquenté, Boileau, Lutr. v. Des monceaux de cendres, et, de distance en distance, des pans de muraille ou des piliers à demi écroulés marquaient seuls la trace des rues [à Moscou incendié], Ségur, Hist. de Nap. VIII, 8.

    Pilier butant, corps de maçonnerie élevé pour soutenir la poussée d'une voûte ou d'un arc.

    Fig. Se frotter au pilier, voy. FROTTER, n° 8.

    Fig. J'ai retrouvé… Et ces monts, bleus piliers d'un cintre éblouissant, Et mon ciel étoilé d'où l'extase descend, Lamartine, Harmon. I, 5.

  • 2 Par analogie, il se dit de tout ce qui soutient un corps quelconque. Les bras ne lui sont pas donnés [à l'homme] pour servir de piliers d'appui à la masse de son corps, Buffon, Morceaux choisis, p. 35.

    Avoir de bons gros piliers, avoir de grosses jambes.

  • 3Piliers de carrière, masses de pierres qu'on laisse, de distance en distance, pour soutenir le ciel d'une carrière.
  • 4Il se dit, dans un manége, de poteaux en bois, arrondis, ayant deux mètres environ au-dessus du sol, situés à l'un des foyers de l'ellipse représentée par la volte principale d'un manége, et entre lesquels on met un cheval pour le dresser.

    Monter entre les piliers, se dit des élèves qui montent les sauteurs dans les manéges.

    Sauter entre les piliers, accoutumer un cheval à faire des sauts sans avancer ni reculer, étant attaché aux deux piliers.

    Poteaux qu'on met dans les écuries pour séparer les places des chevaux.

  • 5Pilier de moulin à vent, ce qui porte le corps du moulin à vent.

    Terme de marine. Piliers de bitte, deux grosses pièces de bois posées debout et maintenues par un traversin.

    Terme de métallurgie. Pilier de cœur, masse du double muraillement des hauts fourneaux.

  • 6 Terme d'horloger. Espèce de petite colonne qui, dans les montres et les pendules, tient les platines éloignées l'une de l'autre.
  • 7 Anciennement. Poteaux de justice, fourches patibulaires. Il y avait tant de piliers à cette justice.
  • 8 Terme d'anatomie. Nom donné à des parties renflées bordant certaines ouvertures. Les piliers du voile du palais. Les piliers du diaphragme.
  • 9 Fig. Ce qui fait la force, le soutien. De ce qui se passa à Pleintheim personne ne fut témoin que ceux qui y avaient été mis, et la voix de ces vieux piliers de bataillons qui perça ne fit pourtant pas une relation suivie, Saint-Simon, 135, 251. La mère et l'épouse de ce roi de Pologne étaient des piliers de leur religion [protestante], Saint-Simon, 474, 78.
  • 10 Fig. Habitué ne bougeant pas plus d'un lieu public qu'une des colonnes de l'établissement. Qu'est-ce qu'un gentilhomme ? un pilier d'antichambre, Racine, Plaid. I, 4. Vous êtes pilier né de tous les lansquenets, Regnard, le Joueur, I, 7. Qui, pilier de café, misérable joueur, Sous de minces habits veut trancher du seigneur, Boissy, Impatient, III, 3. …Cette partie habituée du public, que l'on appelle les piliers du parterre : c'est elle qui donne le ton, et c'est son indulgence ou sa sévérité, sa bonne ou sa mauvaise humeur, son naturel inculte ou sa délicatesse, son goût plus ou moins difficile, plus ou moins raffiné, qui, par contagion, se communique aux loges et fait comme l'esprit du lieu et du moment, Marmontel, Œuvres, t. IX, p. 181.
  • 11Pilier de langue, se disait, dans l'ordre de Malte, de celui des grands croix qui était le représentant et le chef d'une des langues.

HISTORIQUE

XIIe s. Un pilier ot iluec, la volte [voûte] ad soustenue, Th. le mart. 147.

XIIIe s. Entre la pointe de l'isle Nostre Dame, par-devers Charenton, dessi aus pilers de fust du pont de fust…, Liv. des mét. 261. Li pilers de beatitude est les oevres que l'on fait selon vertu, Latini, Trésor, p. 263.

XVe s. À l'exemple du bon empereur Trajan et maints autres jadis ameurs de justice… fu celluy Charles, pillier d'icelle, Christine de Pisan, Charles V, I, 23. Deux choses sont par la volonté de Dieu establies au monde, ainsi comme deux piliers à soutenir les ordres des lois divines et humaines…, Bouciq. Prol.

XVIe s. À chascun le sien, c'est justice : à Paris seize quarteniers, à Montfaucon seize piliers, C'est à chacun son benefice, Sat. Ménippée.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, pilé ; provenç. et espagn. pilar ; bas-lat. pilare, pilarium, du lat. pilarium, de pīla (voy. PILE 1).