« pinceau », définition dans le dictionnaire Littré

pinceau

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

pinceau

(pin-sô) s. m.
  • 1Touffe de poins fortement pincés par un fil ou par une ficelle, à l'aide de laquelle on prend des couleurs, de la colle, et on les étale sur une surface. Donner un coup de pinceau.

    Donner le dernier coup de pinceau à un tableau, l'achever entièrement.

    Fig. Nous nous sommes plaints que la mort… a effacé, pour ainsi dire, sous le pinceau même, un tableau qui s'avançait à la perfection avec une incroyable diligence, Bossuet, Duch. d'Orl.

  • 2L'art même de la peinture. Et j'approuve les soins du monarque guerrier Qui ne pouvait souffrir qu'un artisan grossier Entreprît de tracer d'une main criminelle Un portrait réservé pour le pinceau d'Apelle, Boileau, Disc. au roi. Il est parvenu au point de vivre de son pinceau, Rousseau, Em. III.
  • 3Manière de peindre. Un pinceau hardi. On prétend qu'elle [une œuvre] est d'un pinceau vigoureux, Diderot, Salon de 1767, Œuvr. t. XV, p. 22, dans POUGENS.
  • 4 Fig. Il se dit des orateurs, des poëtes, des écrivains. Vous achevez des raisonnements et des réflexions d'un pinceau que j'aime et que j'estime, Sévigné, à Mme de Grignan, 6 août 1680. [ô toi] Qui, par les traits hardis d'un bizarre pinceau, Mis l'Italie en feu pour la perte d'un sceau, Boileau, Lutr. I. D'un pinceau délicat l'artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable, Boileau, Art p. III. Je me garderai bien d'examiner la chose en philosophe et de quitter le pinceau pour le compas ; mon unique but est de faire connaître le génie des poëtes anglais, Voltaire, Dict. phil. Rochester et Waller. On ne peut trop redire qu'il faut se défier du pinceau des contemporains, conduit presque toujours par la flatterie ou par la haine, Voltaire, Mœurs, 163. Albane et Raphaël, prêtez-moi le pinceau de la volupté ; divin Milton, apprends à ma plume grossière à décrire les plaisirs de l'amour et de l'innocence, Rousseau, Ém. v. Celui qui sera curieux de connaître la délicatesse et la vigueur du pinceau de Sénéque, Diderot, Claude et Nér. II, 33.

    Donner un coup de pinceau, indiquer quelques-uns des traits qui distinguent une personne, une chose. Je croirais faire tort à ce docteur nouveau, Si je ne lui donnais quelques traits de pinceau, Régnier, Sat. x.

    En un autre sens. Donner un coup de pinceau, lâcher quelque trait mordant, médisant. Ce satirique lui a donné un coup de pinceau.

  • 5 Par extension, pinceau se dit d'objets comparés, en raison de leur forme, au pinceau des peintres. Les oreilles du lynx sont surmontées, à leur extrémité, d'un pinceau de poils noirs, Buffon, Morceaux choisis, p. 237. La couleur remarquable des deux pinceaux de plumes qui s'étendent en arrière de ses oreilles [d'un oiseau-mouche], Buffon, Ois. t. XI, p. 44.

    En pinceau, en forme de pinceau.

    Par pinceaux, par places comme peintes. Il [l'aningha roux] a le cou et le dessus des ailes d'un fauve roux tracé par pinceaux sur un fond brun noirâtre, Buffon, Ois. t. XVI, p. 261.

  • 6 Terme de physique. Pinceau optique, pinceau de lumière, nom donné aux rayons qui, émanant d'un objet lumineux, passent par une ouverture étroite où ils sont comme pincés. Plusieurs pinceaux constituent un faisceau lumineux.
  • 7Espèce de brosse à l'usage du graveur.

    Terme de relieur. Sorte de brosse composée d'un manche de bois et de poil de sanglier ou de cochon.

HISTORIQUE

XIIIe s. Toute euvre enlevée doit estre faite de plastre à pincel, et sur la sele et sur l'escu, Liv. des mét. 209.

XVe s. Le verre est le pinceau duquel on t'enlumine [le nez], Basselin, 18.

XVIe s. Il le reçoit avec toute honnesteté, le fait diner, bien boire et chanter le beau pinceau [le verre à la main], D'Aubigné, Faen. III, 5. Pinceau à peindre le nez [un verre de vin], Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Provenç. pinzel ; catal. pinsell ; espagn. pincel ; ital. pennello ; du lat. pēnicillum, diminutif de pēnis, queue, brosse à peindre.