« porcelaine », définition dans le dictionnaire Littré

porcelaine

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

porcelaine

(por-se-lè-n' ; au XVIIe siècle, plusieurs prononçaient pourcelaine, prononciation que l'on condamnait) s. f.
  • 1 Terme d'histoire naturelle. Espèce de coquillage univalve, très poli (la cypraea, genre de mollusques gastéropodes pectinibranches, de la famille des enroulés).
  • 2Dans le moyen âge, nacre qu'on tirait de la coquille de la porcelaine, et qu'on employait à faire des vases et différents ustensiles.

    Nom donné aux vases faits avec cette nacre.

  • 3Nom donné, par assimilation, à la poterie que l'on commença à apporter de l'Orient vers le XVIe siècle, et qui est ainsi définie : Poterie dure, compacte, imperméable, dont la cassure, quoique un peu grenue, présente aussi mais faiblement le luisant du verre et qui est essentiellement translucide, quelque faible qu'en soit la translucidité, Brongniart. Toute porcelaine a pour base le kaolin, auquel on ajoute un cinquième de pétunzé pour servir de fondant. Les premières pièces de porcelaine fabriquées en Saxe datent de 1702 ; la première fabrique de porcelaine en Angleterre est de 1752 ; et la manufacture royale de Sèvres fut fondée par Louis XV en 1756. Pendant ce séjour à Paris, M. de Tschirnhaus fit part à M. Homberg d'un secret qu'il avait trouvé, c'est de faire de la porcelaine toute pareille à celle de la Chine ; on a cru jusqu'ici que la porcelaine était un don particulier dont la nature avait favorisé les Chinois et que la terre dont elle est faite n'était qu'en leur pays ; cela n'est point ainsi… M. de Tschirnhaus avait donné à M. Homberg sa porcelaine en échange de quelques autres secrets de chimie qu'il en avait reçus, et il lui fit promettre que, de son vivant, il n'en ferait nul usage, Fontenelle, Tschirnhaus. Il n'y a pas soixante ans que notre Europe a imité la porcelaine de la Chine ; nous la surpassons à force de soins ; mais ces soins mêmes la rendent très chère et d'un usage peu commun, Voltaire, Frag. sur l'hist. art. X. Les connaisseurs divisent en six classes la porcelaine qui nous vient d'Asie : la porcelaine truitée, le blanc ancien, la porcelaine du Japon, celle de la Chine, le japon chiné et la porcelaine de l'Inde, Raynal, Hist. phil. V, 27. Toutes les porcelaines se font à Kingto-Ching, bourgade immense de la province de Kiansi ; elles y occupent cinq cents fours et un million d'hommes, Raynal, ib. V, 27.

    Porcelaine dure, poterie dont la pâte fine, compacte, très dure et un peu translucide, se ramollit en cuisant.

    Porcelaine tendre, dite aussi porcelaine vitreuse, porcelaine composée d'une fritte vitreuse, rendue opaque et moins fusible par l'addition d'une argile marneuse, très calcaire.

  • 4Vase fait avec cette poterie. A-t-elle, pour donner matière a votre haine, Cassé quelque miroir ou quelque porcelaine ? Molière, F. sav. II, 6. Chercher jusqu'au Japon la porcelaine et l'ambre, Boileau, Sat. VIII. Je viens, madame, de vous acheter pour dix mille francs de glaces, de porcelaines et de bureaux : ils sont d'un goût exquis ; je les ai choisis moi-même, Lesage, Turcaret, III, 4.

    Demi-porcelaine, sorte de faïence. Votre manufacture de demi-porcelaine, qui est très supérieure à celle de Strasbourg ; ma poterie est, en comparaison de votre porcelaine, ce qu'est la Corse en comparaison de l'Espagne, Voltaire, Lett. d'Aranda, 20 déc. 1771.

  • 5 Adj. Cheval porcelaine, celui dont la robe est grise, luisante et marquée de poils couleur d'ardoise.

REMARQUE

Sorte de terre très fine, et à demi-vitrifiée par l'action du feu, dit l'Académie. Sur quoi Legoarant remarque qu'il n'y a aucune terre portant le nom de porcelaine, lequel est donné à une poterie.

HISTORIQUE

XIIIe s. Il ont monnoie si faite ; car il despendent pourcelaines blanches que l'en treuve en la mer…, Marc Pol, p. 389. Cité où l'en fait moult d'escuelles et de pourcelaines qui sont moult belles, Marc Pol, p. 533.

XIVe s. Un tableau de pourcelaine, quarré, de plusieurs pieces, et ou milieu l'ymage de Nostre Dame, garny d'argent doré, à ouvrage d'oultremer, De Laborde, Émaux, p. 468. Uns petits tableaux carrez de pourcelaine où est entaillié un crucefiement Nostre Dame et St Jean, sans nulle garnison, De Laborde, ib. p. 469.

XVe s. Un plat fait de pourcelaine, sanz aucune garnison, estant dedans un estuy de cuir, non prisé pour ce qu'il a esté rompu en amenant de Bourges à Paris, De Laborde, ib. Une piece de pourcelaine pour faire un porte paix, en laquelle est le baptisement Nostre Seigneur, De Laborde, ib. Deux aultres esguieres d'une sorte de porcelayne bleue, De Laborde, ib. p. 470. Une cuillier de porcelayne garnye d'argent doré, Bibl. des ch. 6e série, t. I, p. 365. Il y a grande quantité de vaisseaux de porcelaine que les marchands vendent en public au Caire ; et les voyant nommez d'une appellation moderne et cherchant leur etymologie françoise, j'ay trouvé qu'ils sont nommez du nom que tient une espèce de coquille de porcelaine, Belon, dans DE LABORDE, Émaux, p. 471.

ÉTYMOLOGIE

M. de Laborde, Émaux, p. 463, a fait voir que la porcelaine employée à différents objets d'art et de luxe était la nacre de la coquille dite porcelaine. « Cette expression, dit-il, à part quelques variantes sans importance, reste la même et s'applique à la même chose jusqu'au XVIe siècle. Alors elle se bifurque pour conserver d'une part sa vieille signification, et pour s'étendre de l'autre à des vases et ustensiles d'importation étrangère, qui offraient la même blancheur nacrée. C'était la poterie émaillée de la Chine qui s'emparait de ce nom, auquel elle n'avait droit que par une analogie de teinte et de grain. » Tandis que M. de Laborde arrivait à ce résultat par l'examen archéologique, M. Mahn y arrivait aussi de son côté par l'examen étymologique. Il demeure donc établi que la porcelaine poterie, dont le nom ne provient d'aucune langue orientale, a été dite ainsi de la porcelaine du moyen âge, sorte de nacre. Cette porcelaine nacre a été ainsi nommée de la porcelaine coquille ; norm. pourceline ; ital. porcellana ; espagn. et portug. porcelana. Porcellana, porcelletta, noms italiens de coquilles, proviennent de porca, vulve de truie, par quelque assimilation semblable à celle qui fait appeler pucelage un certain coquillage. On nommait aussi pourcelaine le pourpier.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

PORCELAINE. - REM. Ajoutez :

2. Saint François de Sales dit porceline : Un vaisseau de belle porceline, Introduct. à la vie dévote, II, 8. On rapprochera cette forme du normand pourceline, dit de la coquille.