« portion », définition dans le dictionnaire Littré

portion

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

portion

(por-sion ; en vers, de trois syllabes) s. f.
  • 1Partie isolée d'un tout, et considérée isolément. Portion de maison à louer. Portion de cercle. Cet homme, par son testament… Leur laissa tout son bien par portions égales, La Fontaine, Fabl. II, 20. Seigneur… je vous demande… que vous disposiez de ma santé et de ma maladie, de ma vie et de ma mort, pour votre gloire, pour mon salut, et pour l'utilité de l'Église et de ses saints, dont j'espère par votre grâce faire une portion, Pascal, Prière pour le bon usage des maladies. Il leur distribuait [aux pauvres] par la miséricorde ce qu'il avait acquis par la justice ; cette portion de son bien lui était sacrée ; il y mettait son cœur comme son trésor, Fléchier, Lamoignon. Plutarque cite trois opinions sur ce partage [des terres] : suivant la première, Lycurgue divisa tous les biens de la Laconie en trente-neuf mille portions, dont neuf mille furent accordées aux habitants de Sparte…, Barthélemy, Anach. note 8, t. IV, p. 484, dans POUGENS.

    En termes de droit, portion disponible, voy. DISPONIBLE ; portion virile, voy. VIRIL.

  • 2 Terme mystique. Part de chaque homme dans les dispensations de la Providence. Le Dieu des chrétiens ne consiste pas seulement en un dieu qui exerce sa providence sur la vie et sur le bien des hommes pour donner une heureuse suite d'années à ceux qui l'adorent ; c'est la portion des Juifs, Pascal, Pens. XXII, 3, éd. HAVET.

    Particulièrement. Part de chaque fidèle dans la grâce de Jésus-Christ. Ô Dieu de mon cœur, et mon éternelle portion ! Fénelon, Exist. 92. Vous l'avez appelé [Jésus-Christ]… votre portion, votre héritage, le Dieu de votre cœur, Massillon, Carême, Rechute, 1.

  • 3 Terme monastique. Une certaine quantité de nourriture assignée par la règle à chacun.

    Il se dit au même sens dans des maisons où l'on donne à manger. Ils servent à la portion.

  • 4 Terme ecclésiastique. Portion congrue, certain revenu fixe, en forme de pension, pour les curés dont le bénéfice n'avait pas d'autre fond que le casuel et l'obituaire.

    Familièrement. Portion congrue, rente, traitement peu considérable. Il est réduit à la portion congrue.

REMARQUE

Comme ce qu'on donnait sous le nom de portion congrue paraissait souvent insuffisant, ce nom a pris ce dernier sens ; mais il ne faut pas séparer les deux mots pour dire avec Ch. de Bernard, dans Un homme sérieux, § 3 : Une seule Elvire pour muse aurait paru une portion un peu trop congrue. Congru signifie convenable, et c'est le contraire de ce que l'auteur veut dire.

HISTORIQUE

XIVe s. Se les persones ne sont equalz, il ne devront pas avoir porcions equales, Oresme, Eth. 146.

XVe s. Quand le mari eut choisi le casier, la dame choisit la chaudiere, puis le mari un autre meuble ; puis elle consequemment, jusqu'à ce que tout fust parti et proportionné ; après laquelle portion faite, le bon mari dit…, Louis XI, Nouv. LXXXIII.

XVIe s. Il semble que ce n'est point erreur que de mesler avecques la douceur quelque portion de severité, Lanoue, 107. Voulant soupper en son privé avec sa femme, il envoya demander sa portion, Amyot, Lyc. 18. Concernant la constitution des douaires ou portions, Coust. gén. t. II, p. 694.

ÉTYMOLOGIE

Prov. et esp. porcion ; ital. porzione ; du lat. portionem, qui est une variation de partio (voy. PARTIR, PART).