« prévôt », définition dans le dictionnaire Littré

prévôt

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prévôt

(pré-vô ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des pré-vô-z actifs) s. m.
  • 1Nom qu'on donnait autrefois à certains magistrats ou officiers chargés d'une juridiction, ou préposés à une haute surveillance. Le lion dans sa tête avait une entreprise : Il tint conseil de guerre, envoya ses prevôts, La Fontaine, Fabl. v, 19.

    Terme féodal. Officier qui jugeait les procès pendants entre les vassaux roturiers du seigneur, et qui les conduisait à la guerre.

    Prévôt royal, premier juge royal, dont les appels ressortissaient aux bailliages ou sénéchaussées.

    Prévôt de l'hôtel, dit aussi grand prévôt de France, ou, simplement, grand prévôt, officier de la maison du roi, lequel connaissait des cas criminels qui arrivaient à la suite de la cour. Le prince de Condé, qui attendait dans Amboise auprès du roi la victoire ou la défaite de ses partisans, fut arrêté dans le château d'Amboise par le grand prévôt de l'hôtel, Antoine du Plessis Richelieu, Voltaire, Hist. parl. XXII. Un fait très longtemps ignoré, c'est la forme du jugement contre le cadavre du moine parricide [Jacques Clément] ; son procès fut fait par le marquis de Richelieu, grand prévôt de France, père du cardinal, Voltaire, Mœurs, 173.

    Prévôt de Paris, officier principal qui était chef de la juridiction du Châtelet.

    Prévôt, dans plusieurs petites villes, juge royal qui connaissait des causes entre les habitants non privilégiés. Il ne faut pas que la justice perde ses droits, monsieur le prévôt, Dancourt, le Prix de l'arquebuse, sc. 2.

    Prévôt des marchands, celui qui était le chef de l'hôtel de ville, avec une espèce d'autorité sur la bourgeoisie. Le prévôt des marchands, comme député né de la première ville du royaume, porta la parole au nom du tiers état, Voltaire, Mœurs, 76. Vous me dites que les magistrats qui régissent la douane de la littérature se plaignent qu'il y a trop de livres ; c'est comme si le prévôt des marchands se plaignait qu'il y eût à Paris trop de denrées, Voltaire, Mél. litt. à un premier commis.

    Prévôts des chirurgiens, officiers qui avaient, dans le corps des chirurgiens, des fonctions analogues à celles des jurés dans les communautés d'arts et métiers.

    Prévôt de la connétablie, officier qui commandait les gardes de la connétablie. Le prévôt de la connétablie, qui ne punit point de mort sans que le roi ou le général signent ou ordonnent la condamnation, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 98, dans POUGENS.

    Prévôt de l'île, officier qui était préposé pour veiller dans Paris et aux environs à la sûreté des grands chemins.

    Prévôt des monnaies, officier préposé à la capture des faux monnayeurs.

    Prévôt des maréchaux, dit aussi prévôt de la maréchaussée, officier préposé pour veiller à la sûreté des grands chemins dans l'étendue d'une généralité.

    Prévôt de l'armée, du régiment, officier chargé de l'inspection sur les délits qui se commettaient dans l'armée, dans le régiment. Le premier s'appelait grand prévôt.

    Prévôt général de la marine, officier qui instruisait les procès criminels des gens de mer.

    Prévôt marinier, homme dans chaque vaisseau qui a les prisonniers en garde, et qui est chargé du soin de faire nettoyer le bâtiment.

    Prévôt, dans quelques églises, cathédrales et collégiales, le bénéficier qui était le chef du chapitre.

    Prévôt général, titre du supérieur général dans quelques ordres religieux, tels que les carmes déchaussés.

    Dans les ordres militaires, celui qui a la direction des cérémonies.

  • 2Juge d'une cour prévôtale. Français, à leur sainte alliance [des corsaires barbaresques] Envoyons, pour droit d'assurance, Nos censeurs anciens et nouveaux, Et nos juges et nos prévôts, Béranger, Sainte alliance barbar.
  • 3Prévôt de salle, sous-maître d'escrime, qui montre à faire des armes sous le principal maître.

    Dans le même sens. Le prévôt d'un maître de danse.

    Il s'est dit aussi d'un aide pour les démonstrations anatomiques. M. Paulo étant mort, je fis faire l'ouverture de son corps par M. Martin, mon prévôt d'anatomie, Portal, Instit. Mém. sc. 1807, 1er sem. p. 315.

  • 4 Terme d'argot. Chef de chambrée dans les prisons.

HISTORIQUE

XIe s. E se alquen [aucun], u quens [comte], u provost, mesfeïst…, Lois de Guill. 2. Et en Bretaigne clamoit droit, Les prevoz occist et les contes, Et les baillis et les vicomtes, Brut, ms. f° 44, dans LACURNE.

XIIIe s. Et por ce dient li plusor que tuit li home ont angles [anges], et ont prevost por aus [eux] garder, Latini, Trés. p. 20. [Dieu] Qui de tous mesfais est sire, prevos et maire, Berte, LXIX.

XVe s. Ce jour pareillement se trouverent à mettre iceluy siege messire Tristan l'Hermite, prevost des mareschaus de France, pour distribuer les vivres aux gens d'armes et tenir la Justice, Berry, Chronique, p. 464, dans LACURNE.

XVIe s. De laquelle artillerie estoit conduiseur un nommé Guillaume Legier, prevost d'icelle, Jean D'Auton, Ann. de Louis XII, p. 80, dans LACURNE. Autant en est-il de tous chanoines, doyens, chapellains, prevosts, chantres et tous ceux qui vivent de benefices oisifs, Calvin, Instit. 875. Un procureur nommé le Clerc se sentit capable de faire le capitaine, pour s'estre trouvé assez bon prevost de sale, et s'estre esprouvé à batre le pavé, D'Aubigné, Hist. III, 215. Et peu souvent lui ai-je veu [à Strozze] commander à son prevost de rigoureuses justices, Brantôme, Cap. franç. t. III, p. 415, dans LACURNE. Il en est eschappé [d'une blessure] fort heureusement, et par la grace de Dieu et par la bonne main de M. Sourlin, qui est prevost des bandes françoises et un des meilleurs chirurgiens de France, Brantôme, ib. t. IV, p. 322.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. prebost ; espagn. preboste ; ital. prevosto ; du latin præpositus, préposé, de præ, avant, et positus, placé (voy. POSITION). Prevost, mot ancien, est de bonne fabrique, l'accent étant sur po dans præpositus.