« prévenu », définition dans le dictionnaire Littré

prévenu

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prévenu, ue

(pré-ve-nu, nue) part. passé de prévenir
  • 1Qui a été devancé. Que saint Ambroise, prévenu de la mort, n'eut pas le temps de le recevoir [le sang de l'Eucharistie], Bossuet, Traité de la commun. I, 2.
  • 2Qui a reçu d'avance. Il est bien étrange que, prévenus de tant de grâces, nous puissions offenser Dieu, Bossuet, Lett. Corn. 13.
  • 3Qui a des préventions bonnes ou mauvaises. J'étais toute prévenue contre lui [l'abbé Anselme]… il m'a forcée de revenir de cet injuste jugement, Sévigné, 539. Elle était moins prévenue sur son mérite qu'on ne l'est d'ordinaire, Hamilton, Gramm. 7. Il a eu plus de réputation parmi les étrangers que parmi nous, qui sur certains points sommes trop peu prévenus en faveur de notre nation et trop en récompense sur d'autres, Fontenelle, Ozanam. Le roi, si prévenu dans les commencements contre Mme de Maintenon, Mme de Caylus, Souvenirs, p. 81, dans POUGENS. Un amant dont, à la vérité, elle estimait le mérite, mais pour qui son cœur n'était point prévenu, Lesage, Diable boit. 13. Si ce philosophe n'avait pas été prévenu pour les idées innées, Condillac, Conn. hum. II, II, 3.

    Prévenu de. Marc-Aurèle, prévenu des calomnies dont on chargeait le christianisme, Bossuet, Hist. I, 10. Des grands prévenus d'un saint mépris pour toute la pompe qui les environne, Bourdaloue, Myst. Nativité de J. C. t. I, p. 41. Il faisait cas de l'esprit des femmes, même par rapport à la philosophie, soit qu'il les trouvât plus dociles, parce qu'elles n'étaient prévenues d'aucunes idées contraires…, Fontenelle, Carré. Toutes les modes dont nous sommes prévenus vieilliront peut-être avant nous, Vauvenargues, Max. 362.

    Absolument. L'homme prévenu ne vous écoute pas, il est sourd ; la place est remplie, et la vérité n'en trouve plus, Bossuet, Polit. VIII, v, 2. Votre âme prévenue Répand sur mes discours le venin qui la tue, Racine, Andr. II, 2. Je dois songer que c'est à l'Europe que je parle [en faveur de Louis XIV] et à l'Europe prévenue [contre lui], Voltaire, Lett. Noailles, 28 juill. 1752.

  • 4Averti. Prévenu des malheurs d'une tête si chère, Crébillon, Élect. III, 5.
  • 5 Terme de palais. Prévenu d'un délit, accusé d'un délit.

    Au sens étroit, on dit prévenu d'un délit, accusé d'un crime.

    Substantivement. Un prévenu. Une prévenue. Il est très important que l'on confronte tous les témoins avec le prévenu, et qu'en ce point la confrontation ne soit pas arbitraire, Voltaire, Pol. et lég. Comm. dél. et peines, procéd. crim. Il eût fallu des maisons spéciales, non-seulement pour les prévenus et accusés et pour les condamnés, mais encore pour les condamnés à chaque degré de peine, Th. Homberg, De la répression du vagabondage, p. 108, 1862.