« privation », définition dans le dictionnaire Littré

privation

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privation

(pri-va-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Action de priver d'un avantage, d'un bien qu'on avait ou qu'on devait avoir. La privation de la vue. La privation des droits civils. À combien de choses n'est-on pas obligé de renoncer ? l'âge amène chaque jour une privation, Voltaire, Lett. Chauvelin, 9 oct. 1764.
  • 2Action de se priver volontairement de quelque chose dont on pourrait jouir. Privation volontaire.

    Au pluriel, il se dit de la privation soit volontaire, soit infligée par les circonstances. Les petites privations s'endurent sans peine, quand le cœur est mieux traité que le corps, Rousseau, 9e prom. Assez de fortunes ont été amoncelées par l'avarice, en échangeant des privations pour des richesses, Mirabeau, Collection, t. V, p. 411. Chacun alla s'emparer d'une maison commode ou d'un palais somptueux [dans Moscou abandonné], pensant y trouver un bien-être acheté par de si longues et de si excessives privations, Ségur, Hist. de Nap. VIII, 6.

    Vivre de privations, manquer des choses nécessaires.

  • 3Absence de quelque chose qui manque. La privation des rudesses me tiendrait bien lieu d'amitié en un besoin, Sévigné, 6 nov. 1680. Il faut remarquer que la douleur est un mal réel et véritable, et qu'elle n'est pas plus la privation du plaisir que le plaisir n'est la privation de la douleur, Malebranche, Rech. vér. v, 3. La privation des peines vaut bien l'usage des plaisirs, Buffon, Quadr. t. II, p. 167.

    Ancien terme de philosophie aristotélique. Aristote remarque qu'un être, avant d'avoir ses qualités actuelles, en avait d'autres qui constituaient un état privatif de l'état présent ; ainsi du plomb fondu se refroidit et passe à l'état solide ; il ne peut le faire sans perdre l'état liquide qu'il avait d'abord ; c'est-à-dire que la privation de la liquidité est la condition absolue de la solidité.

HISTORIQUE

XIVe s. Celle privation [il s'agit de tribuns militaires qu'on priva d'une partie de leur temps de magistrature] ne leur fut pas faite par maniere de punission, Bercheure, f° 100, verso. Ainsi donc privation, forme, Et matiere dont je m'informe, Sont mes principes ordonnez Qui d'en hault me furent donnez, Nat. à l'alch. err. 193.

XVIe s. Nostre bien estre, ce n'est que la privation d'estre mal, Montaigne, II, 215.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. privacio ; espagn. privacion ; ital. privazione ; du lat. privationem, de privare (voy. PRIVER 1).