« réconciliation », définition dans le dictionnaire Littré

réconciliation

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réconciliation

(ré-kon-si-li-a-sion ; en vers, de sept syllabes) s. f.
  • 1Rétablisse ment de l'amitié entre personnes brouillées. Le temps change tant de choses, que je demande toujours ce qu'il opère, persuadée qu'il ne lui faut pas plus de six mois pour faire des réconciliations ou des brouilleries, Sévigné, à Moulceau, 17 avr. 1682. De là ces vicissitudes et ces changements si ordinaires dans les amitiés et les sociétés du monde ; ce ne sont que ruptures et que réconciliations perpétuelles, parce que le même objet ne plaît pas toujours également, Bourdaloue, Pens. t. II, p. 44. Il n'y a presque plus de réconciliations qui ne soient feintes et simulées : on ôte l'appareil du dehors, mais la plaie demeure en dedans, Fléchier, Panégyr. St Louis. Ne craignez pas, messieurs, que je vous fasse un triste récit de nos divisions domestiques, et que je parle ici de rétablissements et d'éloignements, de prisons et de libertés, de réconciliations et de ruptures, Fléchier, le Tellier. Les haines sont si longues et si opiniâtres, que le plus grand signe de mort dans un homme malade, c'est la réconciliation, La Bruyère, XI. La réconciliation [avec Boileau] fut sincère de la part de Perrault : il supprima même plusieurs traits qu'il réservait aux anciens, dans le tome IV de ses Parallèles, D'Alembert, Éloges, Ch. Perrault.

    Réconciliation normande, fausse réconciliation ; c'est le titre d'une comédie de Dufresny, 1719.

  • 2Dans les législations barbares, acte par lequel des personnes, des familles, se réconciliant, abolissent le souvenir des injures, des meurtres, etc. Chez les Malais où la réconciliation n'est pas établie, celui qui a tué quelqu'un, sûr d'être assassiné par les parents ou les amis du mort, s'abandonne à sa fureur, blesse et tue tout ce qu'il rencontre, Montesquieu, Espr. XXIV, 17.
  • 3 Terme de religion. Acte par lequel Jésus-Christ a réconcilié les hommes avec Dieu. Il nous fallait donc un médiateur qui, venant au monde avec un pouvoir légitime, négociât et conclût entre Dieu et nous cette importante réconciliation, Bourdaloue, Nativ. de Jésus-Christ, 1er avent, p. 241.

    Acte solennel par lequel un hérétique est reçu dans le sein de l'Église.

    Nouvelle bénédiction d'une église profanée.

    Dans un sens analogue. Les écrits d'Origène furent condamnés comme contenant des hérésies et, entre autres, celle de la réconciliation des démons au jour du jugement, Pascal, Prov. XVII.

HISTORIQUE

XIVe s. La paix et la reconciliation, Bercheure, f° 52. Et pour ce que l'as remis en ton amour, nous avons eu très grant plaisir de cette reconciliation, Lett. de Grég. XI à Charl. V, dans Hist. litt. de la Fr. t. XXIV, p. 425. Vous voiez qu'ils ne requierent point la paix et ne demandent pas la reconciliation, Ménagier, I, 9.

XVIe s. Nostre reconciliation a esté faite par sa descente [de Jésus] aux enfers, Calvin, Inst. 405. Pour parvenir à ceste reconciliation [des États], Lanoue, 396. L'ame pleine de concupiscence, non touchée de repentance ni d'aulcune nouvelle reconciliation envers Dieu, Montaigne, I, 405. Les bastards ne donnent ny ne reçoivent point de baiser à la bouche ou de reconciliation du costé du pere, mais bien du costé de la mere, Nouv. coust. gén. t. I, p. 648.

ÉTYMOLOGIE

Prov. reconciliatio ; espag. reconciliacion ; ital. reconciliazione ; du lat. reconciliationem, de reconciliare, réconcilier.