« régir », définition dans le dictionnaire Littré

régir

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régir

(ré-jir) v. a.
  • 1Diriger le gouvernement, la conduite. Cet évêque a bien régi son diocèse. Les lois qui régissent ce pays. Montrez-lui comme il faut régir une province, Corneille, Cid, I, 6. Selon vos volontés vous gouvernez la vôtre [pupille] ; Laissez-moi, je vous prie, à mon gré régir l'autre, Molière, Éc. des mar. I, 2. Assez de gens qui n'ont pu gouverner une servante et un valet, se sont mêlés de régir l'univers avec leur plume, Voltaire, Dial. XXIV, 6. Un bon pays se rétablit toujours par lui-même, pour peu qu'il soit tolérablement régi, Voltaire, Dict. phil. Économie. Dieu, source unique de toute intelligence, régit l'univers et les espèces entières avec une puissance infinie, Buffon, Anim. domestiques.

    Absolument. Le grand art de régir, Corneille, Othon, III, 3.

  • 2Servir de règle. L'innocence, la bonne foi, la candeur étaient ses compagnes inséparables [de l'abbesse] ; elles conduisaient ses desseins, elles ménageaient tous ses intérêts, elles régissaient toute sa famille, Bossuet, Yol. de Monterby.
  • 3Administrer, gérer. Régir une succession. Régir les finances de l'État. [Du temps de Colbert] les fermes n'étaient point régies pour le compte du roi, Voltaire, Pol. et lég. Embell. de Paris.
  • 4 Terme de grammaire. Avoir, exiger pour complément, en parlant d'un verbe ou d'une préposition ; exiger tel cas d'un nom, tel mode d'un verbe. La préposition latine cum régit l'ablatif. Cette conjonction régit le subjonctif. Régir, c'est obliger un mot à occuper telle ou telle place dans le discours, D'Olivet, Ess. gramm. I, 1.
  • 5Se régir, v. réfl. Être régi. Les pays de France qui se régissent par le droit romain, Montesquieu, Esp. XXVII, 1.

HISTORIQUE

XVIe s. Que le terme qui va devant, Volontiers regist le suivant, Marot, III, 58. L'art du mesnage tient ne sçay quoy de la science politique, qui est de sçavoir bien regir une chose publique, Amyot, Crass. 3. Malaisé à regir et à manier aux magistrats, Amyot, Pomp. 87. S'ilz eussent voulu regir et gouverner en paix ce qu'ilz avoient conquis…, Amyot, Pomp. 100. Nos inclinations mesmes, nos discours, nos volontez qu'ils [les astres] regissent, Montaigne, II, 153. La charge de regir lui appartenant [à l'âme], Montaigne, III, 382.

ÉTYMOLOGIE

Lat. regere, proprement, étendre, dresser (voy. RECTA), et, de là, diriger (voy. ROI).