« rapporteur », définition dans le dictionnaire Littré

rapporteur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rapporteur, euse

(ra-por-teur, teû-z') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui, par indiscrétion ou par malice, rapporte ce qu'il a vu ou entendu. Une petite rapporteuse. On est à la merci des rapporteurs, nation basse et maligne qui se nourrit de venin, qui empoisonne les choses innocentes, qui grossit les petites, qui invente le mal plutôt que de cesser de nuire, qui se joue, pour son intérêt, de la défiance et de l'indigne curiosité d'un prince faible et ombrageux, Fénelon, Tél. XXIV. La cour était remplie des espions de Son Éminence [Mazarin]… les rapporteurs s'acquittèrent dignement de leur devoir [en dénonçant une parole hardie du chevalier de Grammont], Hamilton, Gramm. 5. S'il t'arrive de faire le rapporteur, Marivaux, Double inconst. II, 5.
  • 2Celui qui fait le rapport d'un procès. Combien d'animaux ravissants par les griffes desquels il vous faudra passer, sergents, procureurs, avocats, greffiers, substituts, rapporteurs, juges et leurs clercs, Molière, Scapin, II, 8. Lundi, les deux rapporteurs diront leur avis [dans l'affaire de Fouquet], et mardi ils s'assembleront tous dès le matin et ne se sépareront point qu'après avoir donné un arrêt, Sévigné, à Pompone, 11 déc. 1664. Vous dirai-je que, s'étant engagé à ne donner jamais les rapporteurs qu'on lui demandait, il fit agréer à un grand ministre et à une grande reine qu'il ne s'en dispensât pas en leur faveur ? Fléchier, Lamoignon. Ou, d'un nouveau procès hardi solliciteur, Aborder sans argent un clerc de rapporteur ? Boileau, Lutr. III. Le rapporteur [dans le procès de Lalli] passait pour un homme dur, préoccupé et sanguinaire, Voltaire, Pol. Fragm. hist. sur l'Inde, 19.

    Adjectivement. La Branche : Nous plaidons son affaire demain, et nous sommes descendus chez M. de la Pommeraie, notre juge rapporteur… - Crispin : Appelle-le conseiller, il aime mieux cela. - La Branche : Je le veux bien, j'ai besoin de lui, notre conseiller rapporteur, afin de lui faire adoucir son rapport, qui est, dit-on, foudroyant contre nous, Delavigne, Cons. rapport. I, 2.

    Officier rapporteur, ou, simplement, rapporteur, officier qui fait les fonctions de juge d'instruction et d'accusateur public, dans un conseil de guerre ou de discipline. Le capitaine rapporteur.

  • 3Celui qu'une commission, un comité a chargé d'exposer une affaire. La commission du budget a nommé son rapporteur.
  • 4Nom donné dans le moyen âge à celui qui rédigeait les leçons orales d'un professeur (bas-lat. reportator, anglais reporter).
  • 5 Terme de géométrie. Demi-cercle gradué qui sert à rapporter sur le papier les angles mesurés sur le terrain, ou à mesurer les angles construits sur le papier.
  • 6Outil d'horloger.

HISTORIQUE

XIVe s. Rapporteur ou accusateur mensongier, Ordonn. des rois de France, t. III, p. 518.

XVe s. Punir celuy qui ara fait le mal, s'il est trouvé coulpable, et, s'il est trouvé innocent, punir griefment le raporteur, tant qu'il soit exemple aus autres, Bibl. des ch. 6e série, t. II, p. 151.

XVIe s. Il [Dieu] nous defend d'estre rapporteurs, detracteurs et mesdisans, Calvin, Instit. 308. Quand les noises et la jalousie de la femme contre le mary ont ouvert à telles femmes rapporteresses, non pas seulement les portes, mais encores les oreilles, La Boétie, 306. Jamais ne fut de bon fruict rapporteur Un parler vain et langage menteur, Amyot, Comm. lire les poët. 16. Rapporteur [d'un procès], D'Aubigné, Faen. IV, 5. Espions rapporteurs de ce qu'il disoit, D'Aubigné, Hist. I, 103.

ÉTYMOLOGIE

Rapporter.