« relent », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
relent
- Mauvais goût que contracte une viande dans un lieu humide. Goût de relent. Odeur de relent.
Fig.
Mme de Maintenon avait de ces modesties qui sentaient le relent de son premier état, mais qui pourtant ne passaient pas l'épiderme
, Saint-Simon, 1291, 175.
HISTORIQUE
XIIIe s. Que li blés soit tenus netement, ne mie en fosse ne en relent, ains doit iestre en maisons où vens puist entrer
, Alebrand, f. 41.
XVe s. Ains que [avant que] nappes soient lavées, Put en ta chambre li relans, Tes linges sont ors et puans
, Deschamps, Poésies mss. f. 378.
XVIe s. Les marchands font mettre en cuves et celliers leur sel, au moyen de quoy il ne peut bonnement secher, mais demeure moite et relant…
, Ordonn. 11 nov. 1508. Mais quant à la moysissure et au reland du dedans de son ame, il ne l'eschauffe ny ne l'esclaircit point par la philosophie
, Amyot, Comment ouïr, 30. La nuict desur la terre à tes flancs reposer, S'endormir près de toy sur les herbes relantes
, Ronsard, 794. Une grotte relente
, Ronsard, 935. Les vers qui naissent es chairs pourries et relentes
, Charles IX, Chasse roy. VI.
ÉTYMOLOGIE
Génev. lent : cette viande sent le lent ; provenç. reles ; catal. rellent. Origine controversée. Ménage indique le latin rancidus, rance ; mais il n'est pas possible de passer d'une forme à l'autre. On a proposé le latin redolens, qui a de l'odeur ; mais, quand même la dérivation serait facile, redolens ne satisfait pas au sens d'humide et visqueux qu'a eu relent. Ce sens est le primitif ; il conduit au latin lentus, visqueux, glutineux. Lent a à Genève le sens de relent, et à Paris au XVIIe siècle (voy. VAUGELAS, Rem. t. II, p. 827) le peuple lui donnait la signification d'humide. La forme catalane s'y prête très bien ; en catalan, l'l du radical se redouble après re ; rellent est formé comme relluir. Seule la forme provençale fait difficulté ; mais, en présence de l'accord des formes française et catalane, en présence de la conformité du sens avec le latin lentus, on peut croire que le provençal a formé le mot comme s'il venait d'un adjectif relensus, comme pes, de pensum.