« relayer », définition dans le dictionnaire Littré

relayer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

relayer

(re-lè-ié) v. a.

Il se conjugue comme payer.

  • 1Il se dit des personnes qui les unes après les autres prennent un travail. Dix pionniers relayaient de deux heures en deux heures ceux qui creusaient le fossé. Elle fit appeler sa femme de chambre pour relayer cette nuit la Fanchon, Rousseau, Hél. VI, 11.

    Fig. C'était le dessein d'être relayé par un autre d'une dépense qui…, Hamilton, Gramm. 6. Une meute de jansénistes, qui aboie après moi depuis si longtemps, qui relaye les jésuites Nonotte et Patouillet, Voltaire, Lett. d'Argental, 3 nov. 1776.

  • 2Occuper l'un après l'autre. Relayant ainsi l'esprit et le corps l'un par l'autre, j'en tirais le meilleur parti qu'il m'était possible, sans jamais fatiguer aucun des deux, Rousseau, Ém. V.
  • 3 V. n. Prendre des relais de chevaux frais. Mon père, qui remarqua l'impatience du roi [Louis XIII] à relayer, imagina de lui tourner le cheval qu'il lui présentait, la tête à la croupe de celui qu'il quittait, Saint-Simon, 6, 81.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir. Il a relayé en tel endroit.

  • 4Se relayer, v. réfl. Travailler alternativement. Les loups, les renards, les chiens sauvages se réunissent, s'entendent, s'aident, se relayent et partagent la proie, Buffon, Chien. Les bourreaux fatigués se relayaient les uns les autres, Chateaubriand, les Mart. liv. XX.

    Fig. Il croit que tous les yeux sont ouverts sur lui, et que les hommes se relayent pour le contempler, La Bruyère, II. Il semble qu'elles [les femmes d'un sérail] se relayent pour m'exercer, et que leurs fantaisies se succèdent, Montesquieu, Lett. pers. 9. On se relayait pour le tromper [Louis XIV] ; pouvait-il résister à la séduction ? Voltaire, Pol. et lég. De la tolérance, post-scriptum.

HISTORIQUE

XVIe s. Il se sauve par la porte St-Antoine, n'allant quelque fois que le trot, et trouve un cheval d'Espagne pour le rellaier par delà le petit St-Anthoine, D'Aubigné, Hist. II, 13.

ÉTYMOLOGIE

Origine incertaine. Du Cange le tire de lée, voie large ; Frisch, de l'angl. to relay, placer, mettre ; Diez, avec doute, du latin religare. Le mot paraît tout récent ; s'il l'est en effet, il ne peut avoir été formé à une telle époque, soit de lée, soit de to relay, soit de religare ; mais la date récente permet de croire que le verbe a été fait irrégulièrement de relais, en négligeant l's, qui ne se prononçait pas ; comme formation populaire négligeant une finale non prononcée, notez ornemaniste pour ornementiste.