« repaire », définition dans le dictionnaire Littré

repaire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

repaire [1]

(re-pê-r') s. m.
  • 1Lieu où l'on se retire, sens propre qui n'a plus guère d'emploi. En vain les gardes font la ronde ; J'ai bon repaire et trois fusils, Béranger, Jeanne la Rousse.
  • 2 Particulièrement. Lieu où se retirent les brigands, les voleurs, les gens malfaisants. La cavalerie eut ordre de saccager ce repaire de traîtres, et de les faire passer au fil de l'épée, Vaugelas, Q. C. VII, 5. Les flibustiers français, dont le repaire était tantôt dans les rochers de Saint-Domingue, tantôt à la Tortue, arment dix bateaux, et vont au nombre d'environ douze cents hommes attaquer Vera-Cruz, Voltaire, Mœurs, 152. Timoléon l'invita à détruire toutes ces citadelles qui servaient de repaires aux tyrans, Barthélemy, Anach. ch. 63.
  • 3 Par extension, lieu où se retirent les bêtes féroces, malfaisantes. Sion, repaire affreux de reptiles impurs, Voit de son temple saint les pierres dispersées, Racine, Esth. I, 1. Les palais des rois sont devenus le repaire des bêtes fauves, Volney, Ruines, II.

    On dit aussi : un repaire de hiboux, d'orfraies.

REMARQUE

L'Académie dit qu'en termes de chasse repaire signifie fiente des loups, des lièvres, etc. ; mais, évidemment, ce n'est pas sous cette rubrique que repaire en ce sens doit être rangé ; il appartient à REPAIRE 2, ou, mieux, REPÈRE, ; car cette fiente n'est ainsi nommée que parce qu'elle fait trouver les bêtes.

HISTORIQUE

XIe s. Quant cascuns ert [sera] à sun millor repaire, Ch. de Rol. IV. Se vos volez, li repaires le [retour] ert [sera] grefs [difficile], ib. CXCVI.

XIIe s. Dites [à] chascun baron qu'il aille en son repaire [chez soi], Sax. XXX.

XIIIe s. Et se departirent atant, et ala cescuns à son repaire, car li nuis aproçoit, Chr. de Rains, p. 65. Li rois [Louis IX] a mis en un repaire, Mais ne sai pas bien por quoi faire, Trois cens aveugles route à route, Rutebeuf, 163.

XIVe s. Comme ledit Jehan et icelle Juste eussent loué une certaine chambre secrete où ils avoient leur repaire, quant bon leur sembloit, Du Cange, assembleia.

XVe s. Et quant ledit frere Thomas estoit, comme dit est, à son logis, il se tenoit en une chambre moult solitairement, sans vouloir souffrir que nulle personne eust repaire avecque lui, Monstrelet, II, 53.

XVIe s. J'ay pris plaisir d'ouïr les phantaisies De ceux qui sont en ce mortel repaire [ici-bas], Marot, I, 295. Toutes les choses des croisés sont en protection de sainte Eglise, et demeurent entieres et paisibles jusques à leur repaire [retour], ou qu'on soit certain de leur mort, Loysel, 731. Il observera les bestes, leurs repaires et gestes, lits, chambres, reposées, bauges et tanieres, De Serres, 993.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. repaire ; de l'anc. verbe repairer, repairier, provenç. repairar, retourner dans la patrie ; du lat. repatriare, de re, et patria, patrie (voy. RAPATRIER).