« spectateur », définition dans le dictionnaire Littré

spectateur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

spectateur, trice

(spè-kta-teur, tri-s') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui est témoin d'une chose, quelle qu'elle soit, qui la voit des yeux du corps ou de ceux de l'esprit. Elle a été spectatrice de tous ces événements. Il y avait beaucoup de spectateurs à cette revue. Enfin, voici un changement extraordinaire ; c'est un plaisir que d'être spectateur, Sévigné, 86. Des vertus de mon roi spectateur inutile, Boileau, Épît. I. Vous fûtes spectateur de cette nuit dernière…, Racine, Bérén. I, 4. Ils [les grands] vivent comme s'ils n'avaient point de spectateurs, et cependant ils sont tout seuls comme le spectacle éternel du reste de la terre, Massillon, Pet. carême, Tentations des grands. Les spectateurs au jeu ne manquent guère de prendre parti pour le plus fort, de se liguer avec la fortune, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 223, dans POUGENS.

    Celui, celle qui regarde, observe sans agir. Ne croyez pas qu'on soit innocent en jouant ou en faisant un jeu des vicieuses passions des autres ; par là on nourrit les siennes ; un spectateur au dehors est au dedans un acteur secret, Bossuet, Concupisc. 31. Enfin il est entré, sans savoir dans son cœur S'il en devait sortir coupable ou spectateur, Racine, Andr. V, 2.

  • 2 Particulièrement. Celui, celle qui assiste à une représentation théâtrale. Émouvoir les spectateurs. Les acteurs et les spectateurs. Vos froids raisonnements ne feront qu'attiédir Un spectateur toujours paresseux d'applaudir, Boileau, Art p. III. Le spectateur est comme la confidente, il apprend de moment en moment des choses dont il attend la suite, Voltaire, Comm. Corn. Rem. Rodog. II, 2. Les premiers spectateurs [de Cinna] furent ceux qui combattirent à la Marfée, et qui firent la guerre de la Fronde, Voltaire, ib. Cinna, V, sc. dern. La première convention faite en faveur de l'art dramatique a été que le spectateur serait censé absent, Marmontel, Œuv. t. III, p. 219. Comme j'étais étonnée du nombre des spectateurs [dans un théâtre d'Athènes] : il peut se monter, m'a-t-il dit, à trente mille ; la solennité de ces fêtes en attire de toutes les parties de la Grèce, Barthélemy, Anach. ch. X.

    Fig. Pour nous, vil peuple assis aux derniers rangs [de la scène du monde], Troupe futile et des grands rebutée, Par nous d'en bas la pièce est écoutée ; Mais nous payons, utiles spectateurs, Rousseau J.-B. Epigr. 18.

HISTORIQUE

XVIe s. Quant à la gratitude [des bestes]… ce seul exemple [le lion d'Androclès] suffira, qu'Appion recite comme en ayant esté luy mesme spectateur, Montaigne, II, 192.

ÉTYMOLOGIE

Lat. spectatorem, de spectare (voy. SPECTACLE).