« suborner », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
suborner
- Porter à faire une action contre le devoir, une mauvaise action.
Suborner par discours une femme coquette
, Régnier, Sat. III.Je les ai subornés contre vous à ce compte ?
Corneille, Nicom. III, 7.Je lui donne ma fille et tout le bien que j'ai, Et, dans le même temps, le perfide, l'infâme, Tente le noir dessein de suborner ma femme
, Molière, Tart. v, 3.Elle accusa Narbal d'être entré dans une conjuration contre Pygmalion, et d'avoir essayé de suborner les peuples pour se faire roi au préjudice de Baléazar
, Fénelon, Tél. VIII.Deux sujets du pape et un prêtre de Venise subornèrent deux assassins pour tuer Fra Paolo ; ils le percèrent de trois coups de stylet
, Voltaire, Mœurs, 185.Fig.
On a beau dire, il faut avouer que la religion chrétienne a quelque chose d'étonnant ; c'est parce que vous y êtes né, dira-t-on ; tant s'en faut, je me raidis contre par cette raison-là même, de peur que cette prévention ne me suborne
, Pascal, Relig. chrét. 18, édit. FAUGÈRE.
HISTORIQUE
XIIIe s. Se li tesmoins voloit dire le contraire de ce qu'il avoit dit devant, il n'en seroit pas oys ; car il sanlleroit qu'il en fust subornés, et il meisme se proveroit à parjure
, Beaumanoir, XL, 38.
XIVe s. Touz les subjès Girart par grans dons [il] suborna, Et par devers le roi tout à bout les tourna
, Girart de Ross. v. 1643. Quiconque dudit mestier vendra son euvre à son estal et à son hostel, et il y vient marchans, ils ne les doivent soubourner ne appellier, s'ils ne sont en leur estal ou maison, ou passans par devant, sur poine de cinq sols d'amende
, Du Cange, subornare.
XVe s. Peuples s'esmuet, l'eglise est subournée ; Noblesce fauit, tant est mal ordonnée
, Deschamps, Souffrances du peuple.
XVIe s. Un corps de garde surpris ou suborné feroit entrer les ennemis en la ville
, D'Aubigné, Hist. II, 340. Je fauldrois plus tost vers l'aultre extremité [ne pas croire ce qui m'est favorable] ; tant je crains que mon desir me suborne
, Montaigne, IV, 160.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. subornar ; espagn. sobornar ; ital. subornare ; du lat. subornare, proprement pourvoir, équiper, préparer en cachette, enfin suborner, de sub, sous, et ornare, orner.