« supplanter », définition dans le dictionnaire Littré

supplanter

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supplanter

(su-plan-té) v. a.
  • 1Faire perdre à quelqu'un le crédit, la faveur, l'affection, l'établissement qu'il avait auprès d'une personne, et prendre sa place. C'est trop de nous supplanter [auprès de nos dames], et de nous supplanter avec nos propres habits, Molière, Préc. 16. Thémistocle, qui avait formé en lui-même le dessein de supplanter les Lacédémoniens, et de substituer les Athéniens à leur place dans le gouvernement de la Grèce, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. III, p. 289, dans POUGENS. Qu'il s'offre à ce vertueux du siècle une occasion sûre de décréditer un ennemi, ou de supplanter un concurrent …, Massillon, Pet. carême, Gloire hum. L'intrigue supplante les plus grands talents ; des hommes souples et bornés s'élèvent aux premières places, Massillon, ib. Écueils, Piété des grands. Elle [Mme de Maintenon] fait venir, de bonne foi, la religion au secours de ses charmes usés, pour supplanter sa bienfaitrice devenue sa rivale, Voltaire, Louis XIV, 27.
  • 2Se supplanter, v. réfl. Travailler l'un contre l'autre pour se déposséder réciproquement. Pour se supplanter, ils [les fils de Nizam, en Inde] eurent recours tour à tour aux armes, aux trahisons, au poison, aux assassinats, Raynal, Hist. phil. v, 34.

HISTORIQUE

XIIe s. E tu purceinsis mei de vertut à bataille, e supplantas les esdrechans [ceux qui se dressent] encuntre mei, Liber psalm. p. 21. Guarde mei, sire… e de feluns humes delivre mei, chi penserent à supplanter les miens pas, ib. p. 217.

XIIIe s. C'est la prescience divine Qui tout set et riens ne devine… Ne n'a pas por ce sozplanté Pooir de franche volonté, la Rose, 17691.

XIVe s. Qui aucun petitbien emprent, Et s'i commence à delitter, Li poet cils biens tant profiter, Qu'il en het les maus et despite Pour ce bien que en lui abbitte, Qui d'autres biens atrait plenté, Et en sont li mal susplanté, Jean de Condé, t. II, p. 165.

XVe s. Par multitude de ses osts [Alexandre] supplanta la terre, humilia les regions, espoventa les peuples, Chastelain, Chr. du duc Philippe, proesme.

XVIe s. Pour autant qu'il sentoit son desir reprochable, sa passion incurable, et sa raison de tout poinct supplantée, il resolut d'abandonner la vie, Amyot, Démétr. 52. Si j'avois en ma possession les evenements incogneus, j'en penserois très facilement supplanter les cogneus, en toute espece d'exemples, Montaigne, III, 24.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. sosplantar ; espagn. suplantar ; ital. soppiantare ; du lat. supplantare, de sub, sous, et planta, la plante du pied.