« tabernacle », définition dans le dictionnaire Littré

tabernacle

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tabernacle

(ta-bèr-na-kl') s. m.
  • 1Tente, pavillon (usité seulement en parlant des Hébreux). Retourne, Israël, dans tes tabernacles.

    Fig. Fixer son tabernacle, ses tabernacles, s'établir à demeure. De ce moment [la mort de Monseigneur], il [Vendôme] résolut d'y fixer [en Espagne] ses tabernacles, Saint-Simon, 301, 157. Qu'il est difficile de se déplaire dans un lieu où tout nous rit… de ne pas fixer son tabernacle où l'on se trouve si bien ! Massillon, Carême, Dang. des prospér. temp.

    La fête des Tabernacles, une des trois grandes solennités des Hébreux qui se célébrait après la moisson, sous des tentes, en mémoire des tentes où ils campèrent à leur sortie d'Égypte. Il n'y avait que trois grandes fêtes en toute l'année, la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tabernacles, Fleury, Mœurs des Israél. tit. XXII, 2e part. p. 292, dans POUGENS.

  • 2Le tabernacle du Seigneur, le tabernacle du témoignage, et, par excellence, le Tabernacle (avec une majuscule), la tente où reposait l'arche d'alliance pendant le séjour des Israélites dans le désert, jusqu'au temps où le temple fut bâti. Il mettra la main sur la tête de sa victime, qui sera immolée à l'entrée du tabernacle du témoignage, Sacy, Bible, Lévit. III, 2. Durant que le peuple errait dans le désert, Moïse construisit le Tabernacle, temple portatif où les enfants d'Israël présentaient leurs vœux au Dieu qui avait fait le ciel et la terre, Bossuet, Hist. II, 3.

    Fig. Le Dieu de bonté et de majesté vient habiter dans nous, et fait de nos cœurs autant de sanctuaires et de tabernacles où il réside, Bourdaloue, Serm. 17e dim. après la Pentecôte, Domin. t. IV, p. 81.

  • 3Dans le Nouveau Testament, les tabernacles éternels, le séjour céleste, la demeure des bienheureux. Employez les richesses injustes à vous faire des amis, afin que, lorsque vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, Sacy, Bible, Évang. St Luc, XVI, 9.
  • 4Ouvrage de menuiserie, d'orfévrerie, de marbre, etc. où l'on renferme le saint ciboire ; le tabernacle est fermé à clef et mis au-dessus de la table de l'autel. Salut ! ô sacrés tabernacles, Où tu descends, Seigneur, à la voix d'un mortel ! Lamartine, Harm. I, 8.

    Fig. Achevez, seigneur, en lui votre ouvrage ; couronnez vos dons ; ranimez ces vertus humaines, ces os arides, par un souffle de vie… formez de tous ces trésors de l'Égypte un tabernacle à votre gloire, Massillon, Or. fun. Conti.

    Œuvre des tabernacles, œuvre destinée à fournir aux églises pauvres les objets nécessaires à la célébration du culte.

  • 5 Terme de la marine des galères. Lieu d'environ six pans de long, et élevé d'un degré au-dessus du reste ; c'est la place d'où le capitaine faisait le commandement. Il [le capitaine, pendant la tempête] demeura toujours sur le tabernacle, donnant les ordres avec une froideur admirable, Retz, Mém. dans JAL.
  • 6 Terme de construction. Espace libre, ménagé sous terre, autour d'un robinet, pour qu'on puisse le manœuvrer au moyen d'une clef à long manche.
  • 7Caisse ajustée sur la meule du cloutier.

HISTORIQUE

XIIe s. Deus enseverad le lignage Levi, e eslit e retint especialment à sun servise del tabernacle, ki primes fud levez al desert de Synaï, Rois, p. 2. La descunfiture turna sur Israel ; et fuirent tuit, ki einz einz, chascun à sun tabernacle, ib. 15.

XIIIe s. Et es tabernacles d'eus ne soit qui abit [habite] ; tabernacles apele il les tentes que firent li Jui el desert, Psautier, f° 81.

XVe s. L'un de ses gens avoit derobé en une eglise le tabernacle où l'on met corpus domini, Louis XI, Nouv. v. Près des joustes avoit faict un eschafault moult riche là où le roy fut couronné l'endemain, et si avoit par dessus un tabernacle [dais] couvert d'un drap d'or, Perceforest, t. II, f° 14.

XVIe s. Ceux qui habitent en maison de fange, et sont detenus en tabernacles terriens, Calvin, Inst. 592.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. tabernacle ; espagn. tabernaculo ; ital. tabernacolo ; du lat. tabernaculum, qui vient de taberna, cabane en planches, de même radical que tabula (voy. TABLE).