« tellement », définition dans le dictionnaire Littré

tellement

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tellement

(tè-le-man) adv.
  • 1De telle façon. Les princes sont tellement les ministres de Dieu, qu'ils sont hommes néanmoins et non pas dieux, Pascal, Prov. XI. Quand la fortune eut abandonné la reine, elle s'enrichit plus que jamais elle-même de vertus, tellement qu'elle a perdu pour son propre bien cette puissance royale qu'elle avait pour le bien des autres, Bossuet, Reine d'Anglet. Ceux qui se donnent tellement à Dieu, qu'ils ont toujours un regard au monde, Bossuet, Panég. St Joseph. Il est tellement éloigné du langage commun, qu'il n'en est pas moins naturel, Lamotte, cité dans L. RACINE, Rem. sur le théât. de J. Rac. disc. prélim. Mon père comprit qu'un intendant placé entre le roi et le peuple doit se regarder comme l'homme de l'un et de l'autre, tellement destiné à être l'organe des volontés du maître qu'il le soit peut-être encore plus des vœux et des prières des sujets, D'Aguesseau, Vie de son père.
  • 2À un si haut degré. Elle [l'âme] voit un objet [Dieu] au prix duquel elle se compte pour rien, et en est tellement éprise qu'elle le préfère à soi-même, non-seulement par raison, mais par amour, Bossuet, la Vallière. Elle se trouve tellement changée, qu'elle avait peine à le croire, Bossuet, Anne de Gonz. L'esprit est tellement esclave de l'imagination, qu'il lui obéit toujours lorsqu'elle est échauffée, Malebranche, Rech. vér. v, 11.

    On dit aussi : tellement que de, avec l'infinitif. Thésée n'est pas tellement dépouvu de sens, que d'attacher tant de prix à des conquêtes vulgaires, Courier, Éloge d'Hélène.

  • 3Tellement que, signifie aussi si bien que. Tellement donc que vous ne voulez plus entendre parler de lui.
  • 4Tellement quellement, loc. adv. Ni bien ni mal, mais plutôt mal que bien, Elle se défit tellement quellement d'une visite sérieuse qui l'assiégeait, Hamilton, Gramm. 8. Laisser aller le monde comme il va, faire son devoir tellement quellement, et dire toujours du bien do M. le prieur, est une ancienne maxime de moine, Voltaire, Pol. et lég. Ce qu'on ne fait pas.

HISTORIQUE

XIIIe s. Pour ce qu'il la vouloit tellement esmaier, Berte, XI. Comment [elle] est eschapée des bestes telement [de cette façon], ib. XLVII.

XIVe s. Et eslit plus très bien vivre par un an, que vivre par pluseurs ans telement quelement, Oresme, Eth. 280.

XVe s. Tellement que le destrier de messire Enguerrant tomba, et celuy de Saintré fut espaulé, Jeh. de Saintré, ch. 38. Tellement fut appointé entre eulx et moy qu'ils payeroient tout le bestail qu'ilz avoient prins, Commines, III, 6.

XVIe s. Il est vray aussi que les rides et macules d'icelle sont effacées ; mais c'est tellement, que de jour en jour elles s'effacent encores, Calvin, Instit. 929.

ÉTYMOLOGIE

Telle, et le suffixe ment ; provenç. talment ; ital. talmente.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

TELLEMENT. Ajoutez : - REM. La locution tellement quellement est plus ancienne que ne le feraient croire les citations rapportées dans le Dictionnaire. Elle est dans Malherbe : Le ballet fut donné tellement quellement, et non comme il est décrit dans le discours qui s'en est imprimé, Lexique, éd. L. Lalanne.