« tertre », définition dans le dictionnaire Littré

tertre

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tertre

(tèr-tr') s. m.
  • 1Petite éminence de terre, qui s'élève dans une plaine et qui ne tient à aucune côte. Le tertre isolé sur lequel sont situés la ville et le vieux château de Montbard, est élevé de 140 pieds au-dessus de la rivière, Buffon, Add. Théor. terr. Œuv. t. XIII, p. 169. Vis-à-vis de ma fenêtre est un tertre sur lequel se rassemblent les enfants, Rousseau, Ém. I.
  • 2Se dit quelquefois des éminences qui recouvrent une sépulture. Assez près de nous s'élevait Un tertre qui la mine avait D'être la fosse de quelque homme, Scarron, Virg. III. On n'a point élevé de marbre sur leurs humbles tertres, Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virg. Je parlerai des tertres tumulaires à l'occasion de ceux de notre France, Legrand D'Aussy, Instit. Mém. sc. mor. et pol. t. II, p. 419. L'homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie, Et ce qu'il a fauché du troupeau des humains, Avant que l'envoyé de la nuit éternelle Vînt sur son tertre vert l'abattre d'un coup d'aile, Musset, la Nuit de mai.
  • 3Espèce d'établi sur lequel les tanneurs font les tourbes ou mottes de vieux tan.

HISTORIQUE

XIe s. [Enseigne] En sum un tertre cuntre le ciel levée, Ch. de Rol. LIV.

XIIe s. Eyke voske [voilà que] cistvient saillanz ens montaignes et trespessanz les tertres, Saint Bernard, 528. Li provoire et li ordenez En sus un teltre sont montez, Rou, dans DU CANGE, tertrum.

XIIIe s. En un bois joste Duvelinc [Dublin], Sur un tertre lès la marine, Lai de Melion. D'ung tertre qui près d'iluec iere [était], Descendoit l'iave grant et roide, Clere, bruiant…, la Rose, 108. Comme descorde fust sur ce que je demandoie au tertre ou finage de MontEsclair, Du Cange, tertrum.

XVe s. Tant allerent [les gens du comte de Flandre] que ils virent [les Gantois] avaler [descendre d'] un tertre, Froissart, II, II, 97.

XVIe s. Philippus, voyant d'un tertre l'ordre et distribution du camp romain, Montaigne, I, 230. Ma maison est juchée sur un tertre, comme dict son nom, et n'a point de piece plus esventée que cette cy [la bibliothèque], Montaigne, III, 289.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, tièr ; Brie, tuarte, chemin escarpé dans une côte. Origine incertaine. H. Estienne le tirait de τέρεθρον, sommité d'une chose. Mais, attendu qu'on ne voit pas comment ce mot grec serait entré, Diez propose terræ-torus, élévation de terre, l'accent dans un mot composé pouvant se reculer, exemple, trèfle de trifolium.