« traduction », définition dans le dictionnaire Littré

traduction

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

traduction

(tra-du-ksion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Action de traduire. Il y a vingt ans que je m'occupe à faire des traductions. - Quoi ! monsieur, dit le géomètre, il y a vingt ans que vous ne pensez pas ! Montesquieu, Lett. pers. 128. À mesure que, dans un ouvrage, le caractère de la pensée tient plus à l'expression, la traduction devient plus épineuse, Marmontel, Œuv. t. x, p. 270. Croyez-en ceux qui ont consacré beaucoup d'années à la traduction : si le succès les a quelquefois dédommagés de leurs peines, ils se sont plus souvent sentis vaincus dans cette lutte difficile, Bitaubé, Instit. Mém. litt. et beaux-arts, t. I, p. 286.
  • 2Version d'un ouvrage dans une langue différente de celle où il a été écrit. On a justement comparé le commun des traductions à un revers de tapisserie, qui tout au plus retient les linéaments grossiers des figures finies que le beau côté représente, Rollin, Traité des Ét. I, 1. Traducteur élégant [d'Ablancourt] et dont on appela chaque traduction la belle infidèle, Voltaire, Louis XIV, écrivains, d'Ablancourt. Je regarde la traduction des Géorgiques par M. Delille comme un des ouvrages qui font le plus d'honneur à la langue française ; et je ne sais même si Boileau aurait osé traduire les Géorgiques, Voltaire, Lett. Chabanon, 6 févr. 1771. Qu'on ne croie pas connaître les poëtes par les traductions ; ce serait vouloir apercevoir le coloris d'un tableau dans une estampe, Voltaire, Ess. poés. Ép. II. S'il est vrai qu'il n'y ait point de traduction exacte qui égale l'original, c'est qu'il n'y a point de langues parallèles, même entre les modernes, Duclos, Œuv. t. IX, p. 94. Le docte et pesant Dacier, grand ennemi de Lamotte pour l'amour des anciens, qu'il n'a pourtant point traités en ami dans ses traductions, D'Alembert, Élog. Lamotte. Il n'y a qu'un moyen de rendre fidèlement un auteur d'une langue étrangère dans la nôtre : c'est d'avoir l'âme bien pénétrée des impressions qu'on en a reçues, et de n'être satisfait de sa traduction que quand elle réveillera les mêmes impressions dans l'âme du lecteur, Diderot, Mélanges, Térence. On a dit quelquefois que les traductions étaient des trahisons, Journ. offic. 24 fév. 1872, p. 1317, 3e col.

    On dit de même : la traduction d'un passage, d'un vers, etc.

SYNONYME

TRADUCTION, VERSION, Ces deux mots sont synonymes ; cependant, d'habitude, la traduction est en langue moderne, et la version en langue ancienne. Ainsi la Bible française de Saci est une traduction, et les Bibles latines, grecques, arabes, syriaques, sont des versions.

HISTORIQUE

XVIe s. Si les Romains n'ont vaqué à ce labeur de traduction, par quelz moiens donques ont ilz peu ainsi enrichir leur langue ? Du Bellay, J. I, 10, recto. Sçavons nous bien qu'en Basque et en Bretaigne il y ayt des juges assez pour establir cette traduction [de la Bible] faicte en leur langue ? Montaigne, I, 399.

ÉTYMOLOGIE

Prov. traductio ; esp. traduccion ; ital. traduzione ; du latin traductionem, qui n'a que le sens de faire passer d'un lieu à un autre, et qui vient de traducere (voy. TRADUIRE).