« trier », définition dans le dictionnaire Littré

trier

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trier

(tri-é ; plusieurs personnes prononcent trè-ié ; c'est une faute ; on la trouve dans St-Simon, par ex. 3, 139), je triais, nous triions, vous triiez ; que je trie, que nous triions, que vous triiez v. a.
  • 1Tirer d'un plus grand nombre avec choix, après examen. Trier des livres. Trier des soldats parmi les meilleures troupes. Sur un grand champ couvert d'une moisson fertile, ils vont triant avec soin quelques mauvaises plantes, pour accuser celui qui l'a semé d'être un empoisonneur, Rousseau, Lett. de la Mont. I.

    Absolument. Quand les mauvaises herbes dominent dans les champs, il ne faut pas trier, il faut y mettre le feu, Grimm, Corresp. t. I, p. 482.

    Fig. Quel esprit… Sait trier le savoir d'avecque l'ignorance ? Régnier, Sat. II. D'avec la vérité la fausseté triant, Régnier, ib. IX.

    Fig. Trier sur le volet, voy. VOLET.

  • 2Trier les laines, éplucher les laines, et enlever les corps étrangers qui s'y trouvent.

    Trier les chiffons, les séparer en différentes classes selon la beauté et la finesse de la toile.

  • 3Se trier, v. réfl. Être trié. Une division assez grande de la matière pour que ses parties primitives puissent, pour ainsi dire, se trier, et former, en se réunissant, des corps figurés comme elles, Buffon, Hist. min. intr. Œuv. t. VI, p. 166.

HISTORIQUE

XIIe s. Hauz hom [il] sera, si convendreit Que il seüst le tort del dreit Trier e conoistre e sevrer, Benoit de Sainte-Maure, II, 11517.

XIIIe s. Ire empesche le corage, que il ne puisse trier la verité, Latini, Trésor, p. 352. Et quant mangier l'estuet, si convient qu'il soit bien triiés de pierres, Alebrand, f° 68.

XIVe s. Il n'est nulz qui par force le puisse maistrier, D'estour ne de bataille ne traire ne trier, Girart de Ross. V. 823.

XVIe s. Les semences sauvages qui sont de mesme forme en grandeur et grosseur que le froument, se trouvant meslées parmy, sont bien malaisées à trier et separer d'ensemble avec le crible, Amyot, Comm. disc. le flatt. de l'ami, 10. Quand on luy voit [à Plutarque] trier une legiere action en la vie d'un homme, Montaigne, I, 169. En ce petit nombre d'hommes excellents et triez…, Montaigne, II, 229. Cette complexion difficile me rend delicat à la pratique des hommes, il me les fault trier sur le volet, Montaigne, III, 277. Avec 1500 lances triées d'entre les bandes du païs bas, D'Aubigné, Hist. I, 226.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et catal. triar ; angl. to try, essayer, juger. Frisch y voit une transposition de tirer, et l'exemple de Girart de Rossillon pourrait appuyer cette conjecture. Diez croit qu'il provient de la latinité ; suivant lui trier représente un fréquentatif fictif tritare dérivé de tritum, broyer, qui existe en italien : tritare, broyer et, figurément, examiner. Les latins ont dit terere granum, battre le grain ; de sorte que le sens propre de trier serait battre le grain, et de là tirer de l'épi, mettre à part, trier.