« tuteur », définition dans le dictionnaire Littré

tuteur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

tuteur, trice

(tu-teur, tri-s') s. m. et f.
  • 1Celui, celle qui est chargé d'une tutelle. … toi-même, des tiens devenu le bourreau, Au sein de ton tuteur [Cicéron] enfonças le couteau, Corneille, Cinna, IV, 3. L'abbé de Coulanges veut rendre le compte de ma tutelle ; et c'est une nécessité que ce soit aux enfants dont on a été tutrice, Sévigné, 171. Théodose déclara Stilicon tuteur de son fils Honorius, et lieutenant général des armées des deux empires, Fléchier, Hist. de Théodose, IV, 75. Et l'orphelin n'est plus dévoré du tuteur, Boileau, Lutr. VI. La femme pourra être nommée tutrice de son mari, Code civ. art. 507. Tout individu âgé de soixante-cinq ans accomplis peut refuser d'être tuteur, ib. art. 433.

    Tuteur officieux, celui qui est chargé de la tutelle officieuse. Un époux ne peut devenir tuteur officieux qu'avec le consentement de l'autre conjoint, Code civ. art. 362.

    Tuteur ad hoc, celui qui est nommé à un mineur pour un objet déterminé.

    Fig. Il n'a pas besoin de tuteur, se dit d'un homme qui sait conduire ses affaires.

    Fig. Nous sommes des enfants qui avons besoin d'un tuteur sévère, la difficulté ou la crainte, Bossuet, Sermons, Ambition, 1.

    Fig. Tuteurs des rois, s'est dit des parlements sous l'ancienne monarchie. Mercenaires appuis d'un dédale de lois, Plébéiens, qui pensez être tuteurs des rois, Voltaire, Henr. IV. Il y a longtemps que les Calas, les chevaliers de la Barre, les Lally, etc. m'ont brouillé avec les tuteurs des rois, Voltaire, Lett. Richelieu, 20 juill. 1771.

  • 2 Fig. Celui, celle qui protège. Ces grands tuteurs des États [les princes], Dial. d'Or. Tubero, t. II, p. 289. Les souverains ne sont que les conservateurs des lois, les exécuteurs de la justice, les pères et les tuteurs du peuple, Fénelon, t. XXII, p. 389. Les chefs-d'œuvre que Rome, tutrice des beaux-arts, a cédés à l'héritière d'Athènes [Paris], Chateaubriand, Génie, IV, VI 6.
  • 3 Terme de jardinage. Bâton contre lequel on attache une plante faible, tortue ou mal dirigée, qu'on veut soutenir ou redresser. Les quenouilles du maïs étant destinées à servir de tuteurs ou de rames au légume grimpant, Chateaubriand, Amér. Moissons.

    Corset tuteur, sorte d'enveloppe solide, en bois, en fer, qu'on met autour d'un jeune arbre pour le protéger dans sa croissance.

HISTORIQUE

XIIIe s. Cil qui est tuteres por enfans sousaagiés, n'est pas tenus à fere les besongnes des enfans à son coust, Beaumanoir, XVII, 8. Doner tutors as orfelins qui n'en ont point, Liv. de just. 75.

XIVe s. Or est terre mere et nourrice De toutes choses, et tutrice, Nat. à l'alch. err. 465. Madame Aliz de Partenay, tutreisse desdiz heritiers, Du Cange, tutella.

XVe s. Tuteur d'enfans [celui qui les tient en pension], Du Cange, ib.

XVIe s. La deesse tutrice de cette amoureuse ardeur [l'amour], Montaigne, III, 293. Tuteurs et tuteresses, Coust. gén. t. II, p. 504. Le parlement, jadis tuteur des roys, Sat. Mén. Disc. de M. d'Aubray.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. tuaire, tuador ; du lat. tutatorem, protecteur, de tutari, protéger (tutor aurait donné ture). En provençal tuaire, en français tutere est le nominatif, de tutátor ; tuador, tuteur, est le régime, de tutatórem. C'est de tuteur, maître de pension, que vient l'anglais tutor, précepteur.