« voguer », définition dans le dictionnaire Littré

voguer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

voguer

(vo-ghé), je voguais, nous voguions, vous voguiez ; que je vogue, que nous voguions, que vous voguiez v. n.
  • 1Être poussé sur l'eau à force de rames. Les galères commençaient à voguer.
  • 2Ramer, faire aller avec la rame (emploi qui a vieilli, et pour lequel on dit aujourd'hui ramer, nager). Les forçats de cette galère voguaient vigoureusement.

    Vogue avant ! commandement pour mettre en mouvement les rameurs de la vogue.

    On disait de même : vogue tribord ! vogue bâbord ! comme on dit aujourd'hui : nage ou avant tribord ! nage ou avant bâbord !

    S. m. Vogue-avant, rameur qui tient la queue de la rame et lui donne le branle ; le rameur le plus de l'avant.

  • 3Dans une acception plus générale, naviguer de quelque manière que ce soit (emploi pour lequel les marins disent aujourd'hui plutôt marcher, aller de l'avant). Voguer à pleines voiles. Il vogue vers Bysance, Voltaire, Irène, I, 2. Eh ! vogue ma nacelle, Nous trouverons un port ! Béranger, Nacelle. Mais, Dieu ! le vaisseau trop rapide Déjà vogue vers d'autres cieux, Béranger, M. Stuart.

    Fig. Nous voguons sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants, poussés d'un bout vers l'autre, Pascal, Pens. I, 1, éd. HAVET. On parla des passions : Ah ! qu'elles sont funestes ! dit Zadig. Ce sont les vents qui enflent les voiles du vaisseau, repartit l'hermite : elles le submergent quelquefois, mais sans elles il ne pourrait voguer, Voltaire, Zadig, 20.

    Fig. Voguer à pleines voiles, avoir toute sorte de succès. Lorsque sur cette mer [de la fortune] on vogue à pleines voiles, Qu'on croit avoir pour soi le vent et les étoiles, Il est bien malaisé de régler ses désirs, La Fontaine, Élég. pour Fouquet.

    Fig. Vogue la galère, arrive ce qui pourra. Vogue la galère ; le bon temps n'est que pour ceux qui le peuvent prendre ou attraper, Patin, Lett. t. II, p. 12, dans POUGENS. Je pars le jour même de la Toussaint par Bagnols, de Bagnols à Rouanne, et puis, vogue la galère, Mme de Coulanges, Lett. à Mme de Sévigné, p. 14, dans POUGENS. Adieu, madame ; faisons tous deux comme nous pourrons ; vogue la galère, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 5 juin 1772.

  • 4 Terme de chapellerie. Faire voguer l'étoffe, faire voler sur une claie les matières dont on veut faire les capades.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XVIe s. Les mathelots sur l'un et l'autre banc D'un ordre egal voguent de ranc en ranc, Du Bellay, J. VIII, 15, recto. Les Romains courans au devant de ceste galere, et marchans coste à coste d'elle à mesure qu'on la voguoit tout bellement…, Amyot, P. Aem. 59. L'empereur Caligula, voguant avecques une grande flotte en la coste de la Romanie, Montaigne, II, 180.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. vogar ; espagn. bogar ; portug. vogar ; ital. vogare ; de l'anc. haut-allem. vagôn, altéré en wogôn, se mouvoir, d'où l'allem. moderne wogen, flotter (voy. VAGUE, s. f.).