« bond », définition dans le dictionnaire Littré

bond

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bond

(bon ; le d ne se lie jamais : un bond agile, dites : un bon agile ; au pluriel l's se lie : des bonds agiles, dites : des bon-z agiles) s. m.
  • 1Mouvement d'un corps qui, heurtant un autre corps, rejaillit. Le boulet a fait plusieurs bonds. Juger le bond d'une balle encore en l'air, Rousseau, Ém. II.

    Prendre la balle au bond, la saisir au moment où elle bondit ; et figurément, faire une chose au moment opportun. Si nous manquons de la prendre au bond [la paix], elle tombera comme les autres, Retz, II, 326. Il est au guet pour prendre au bond l'occasion, Sévigné, 511.

    Prendre la balle entre bond et volée, saisir l'occasion.

    Tant de bond que de volée, d'une manière quelconque, comme on peut. Soit de bond soit de volée, que nous en chaut-il, pourvu que nous prenions la ville de gloire [le paradis] ? Pascal, Prov. 9.

    Faire faux bond, en parlant de la balle, dévier en bondissant ; et figurément, manquer à un engagement. Toi qui mourrais plutôt que lui faire un faux bond, Régnier, Sat. VI. être obligée de faire faux bond à Livry, Sévigné, 321. Nos commensaux nous ont fait faux bond, Sévigné, 40. Rien ne lui a fait faux bond jusqu'ici, Sévigné, 486.

    Faire faux bond à son honneur, commettre une faute grave, en parlant soit de la probité d'un homme, soit de la conduite d'une femme. Mais s'il faut qu'à l'honneur elle fasse un faux bond, Molière, Éc. des f. III, 2.

    Fig. La balle n'a été prise que du second bond, on ne s'est pas mis à cette affaire aussitôt qu'il aurait fallu.

  • 2Saut. La course du chat n'est qu'une succession de bonds. Satan part ; du premier bond il touche à la ceinture étoilée, Chateaubriand, Mart. 282.

    Fig. Sa muse… Ne s'élève jamais que par sauts et par bonds, Boileau, Art p. III. Comme c'était [d'Aubigné] un homme de sauts et de bonds, on lui persuada de quitter ses débauches, de vivre à son aise, Saint-Simon, 51, 100. Style incohérent, qui va par sauts et par bonds, Voltaire, Phil. IV, 480.

  • 3 Terme de manége. Saut que le cheval exécute subitement, et après lequel il retombe à peu près à la même place.

SYNONYME

BOND, BONDISSEMENT. Le bondissement est l'action par laquelle on fait des bonds. Le bond est l'acte lui-même. Le chat court par bonds ; son allure est un bondissement continuel.

HISTORIQUE

XVe s. Les Anglois, qui jà avoient desconfit la plus grand partie de l'ost, s'en vinrent en criant leurs cris celle part, et se bouterent es plus drus de plein bond, Froissart, I, I, 230. Qu'il ne le me font Pour voir que feroye, Et si je sauroye Leur donner le bont, Orléans, Rond. Or ont les folz amans le bond, Et les dames prins la vollée, C'est le droit loyer qu'amours ont ; Toute foy y est violée, Villon, Ball. de la belle Heaulmière. Il lui avoit baillé le bont [il lui avait joué un tour], Math. de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 703, dans LACURNE. Et disoit en soimesme qu'elle fera le guet sur celle qui lui faisoit tort de son ami, et qui lui a baillé le bond [l'a supplantée], Louis XI, Nouv. X. Le brayot rompit par le grant bont qu'il print au cheoir, Percefor. t. III, f° 102, dans LACURNE. Le tuerent de plain bont, Martial, Vigiles de Charles VII, t. II, p. 8, dans LACURNE.

XVIe s. Si ne voulut-il perdre son desjeuner, lequel estoit prest, que de bon que de volée, Despériers, Contes, XLVII. La fortune vous a voulu jouer un faux-bond, Yver, p. 612. La balle, aiant fait un bond, donne dans le corps du mareschal de Biron et tua ce capitaine, D'Aubigné, Hist. III, 267. Je donnerois plustost un faulx-bond à mon ame, qu'à la promesse que je vous ay faite, Carloix, VI, 45. Ne plus ne moins que fait le ruzé champion de lucte, qui cherche tout moyen d'avoir prise sur son adversaire pour luy donner le bond, Amyot, Fab. 12. Et l'air crevé d'une gresle menuë Frappoit à bonds les champs de toutes parts, Ronsard, 76. Et, le tirant, en arrache un morceau Qu'il fist rouller bond à bond desur l'eau, Ronsard, 683. Peu souvent tombent ils en disette, pource que tousjours quelqu'un d'eux, soit de bond ou de volée, attrape du moyen, dont il communique liberalement aux autres, Lanoue, 298. Les passions ne sont que bonds et volées, accès et recès fievreux de folie, saillies et mouvemens violens et temeraires, Charron, Sagesse, II, 1. Lesquelles paroles ayants esté prises au bond par un ou deux, Sat. Mén. La vertu du cathol. Avant-propos.

ÉTYMOLOGIE

Voy. BONDIR ; angl. bound, un bond.