« bref », définition dans le dictionnaire Littré

bref

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bref, brève [1]

(brèf, brè-v') adj.
  • 1De peu de durée. Dans un bref délai. La vie s'écoule si vite, qu'il ne faut pas laisser passer, dans l'accablement, des jours si brefs, Bossuet, dans LAFAYE, Synonymes.
  • 2Qui s'exprime brièvement. Les circonstances présentes me rendent bref. Être bref. Cette lettre est brève. Je serai plus bref en parlant de… L'accent bref de la colère. Exposition ou relation brève.

    Un parler bref, une parole brève, manière de parler rapide et ordinairement avec décision ou commandement.

    Pour le faire bref, pour faire bref, pour abréger.

  • 3Qu'on prononce rapidement, en parlant d'une syllabe. Rendre brève une syllabe. Se prononcer bref. Les sons brefs. A est bref dans race et long dans grâce. Chez les Grecs et les Romains, la syllabe brève valait la moitié de la syllabe longue. Juré piqueur de diphthongue, Endoctriné de tout point Sur la virgule, le point, La syllabe brève et longue, Piron, Épigr. contre d'Olivet.
  • 4 S. f. Une brève, une syllabe brève. L'ïambe est composé d'une brève et d'une longue.

    Fig. et familièrement. Observer les longues et les brèves, être circonspect, exact, cérémonieux. Il en sait les brèves et les longues, il y est habile, il connaît l'affaire.

    Terme de musique. Note dont la durée est moindre que celle de la note qui précède.

    Autrefois, figure de note qui avait la valeur de deux rondes.

  • 5Bref, adv. En quelques mots. Bref, en vos actions en tout si glorieuses…, Mairet, Sophon. III, 4. Bref, il en fut à grand'peine au douzième, La Fontaine, le Paysan.

    Parler bref, avoir une prononciation rapide et précipitée.

    En bref, loc. adv. En peu de mots. Expliquer les choses en bref.

  • 6Pépin le Bref, Pépin de petite taille. Le langage historique a conservé cette signification, qui ne peut être déplacée ; bref ne se dit que là dans ce sens.

REMARQUE

D'après, Chifflet, Gramm. p. 32, on disait brief, brieveté, brievement, plutôt que bref, breveté, brevement, qui, dit-il, étaient fraîche invention d'un grammairien. On voit que brief est tombé à peu près en désuétude, tandis que brèveté et brèvement n'ont pas duré : l'usage, comme cela est si fréquent, a été inconséquent. Brief était la forme la plus commune dans l'ancienne langue, qui pourtant en faisait un monosyllabe. Au XVIe siècle, Palsgrave, p. 10, remarque qu'on fait entendre l'i et l'f.

SYNONYME

BREF, COURT. Bref a rapport à la durée ; court, à l'étendue. C'est là ce qui distingue ces deux mots. Soyez bref, se dit à quelqu'un qui parle ; soyez court, se dit à quelqu'un qui va écrire ou composer. En effet, être bref c'est prendre peu de temps pour s'expliquer ; être court, c'est tenir peu d'espace sur le papier. Si l'on dit : la vie est si courte, nos jours sont si brefs, on se représente, dans le premier cas, la vie comme une étendue, dans le second, le jour comme une durée.

HISTORIQUE

XIIe s. Cuidant que brefs seit mult lor vie, Benoit de Sainte-Maure, dans RAYN. Lexique. Li briés jors nos destrent [oblige] ke nos abrevions nostre sermon, Saint Bernard, p. 535.

XIIIe s. Il pourquiert ainsi son atour [il fait ses préparatifs] Que il puist mouvoir [partir] à brief jour, Audefroi le Bastard, Romancero, p. 8. Les demandes des douaires sont assez briés, car la feme doit dire…, Beaumanoir, V, 7.

XIVe s. Doncques affin que en brief concluons, se nous faisons les choses dessus dittes, nous pourrons bien le moien de vertu acquerir, Oresme, Eth. 54.

XVe s. Il [le comte de Foix] estoit bref en ses conseils et en ses reponses, Froissart, II, III, 13. … Et fit tant en bref terme que…, Froissart, I, I, 10. Et en bref temps grandement les endommagerent [les palis avec les cognées], Froissart, I, I, 207. Ces deux seigneurs allerent partout regarder et considerer les passages et les destroits, et puis s'en retournerent au roi, et lui dirent à breve parole, que ils ne pouvoient aviser que il pust aucunement approcher les Anglois, qu'il ne perdist ses gens d'avantage, Froissart, I, I, 318. Pour mectre fin à longue guerre par brief champiage de leurs deux puissances ensemble, Chastelain, Chr. du duc Philippe, 80. Et, à brief parler, au jugement de tous, l'honneur de la journée en emporta Bouciquaut, Bouciq. I, ch. 14. … Fut adverty par le feu duc Jehan de Bourbon que de brief la guerre luy seroit commencée, Commines, III, 1. Brief, cest Alphonse eut si grand envie de fuir, que…, Commines, VII, 11. Je reviendrai bref [bientôt], Louis XI, Nouv. XIX.

XVIe s. Ce sont ceux-là [juges] qui en briefs jours Me mettront hors de tes obscurs sejours, Marot, I, 256. N'en y a un, à parler court et brief, Qui lui soit plus intolerable et grief, Marot, I, 313. Luy disant que en brief [bientôt] elle le feroyt piedz neufz, Rabelais, Garg. I, 6. Luy disant que la douleur seroyt briefve, Rabelais, ib. Que Dieu les en puniroyt de brief, Rabelais, ib. I, 26. J'en ay dit en bref ce que le lieu requeroit, Calvin, Instit. 162. Brief, l'infidelité a ouvert la porte à l'ambition, Calvin, ib. 172. Craindre si longtemps chose de si brief temps ! Montaigne, I, 84. Estans assemblez, ils s'avancerent en païs, et, pour le faire bref, ils exploitterent si bien qu'en trois ans ils paracheverent toute leur conqueste, Lanoue, 409. Qui voudra à cette heure considerer le temps qui fut emploié en une si grande conqueste, le trouvera brief, Lanoue, ib. 409. … Mais d'equité, de clemence et d'humanité, et, à brief parler, de toute autre vertu civile et pacifique, ilz n'avoient encore fait voir aucuns exemples, Amyot, Marcell. 30.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et catal. breu ; espagn. et ital. breve ; de brevis, qui tient au grec βραχύς. Bref se déclinait ainsi : briés au nominatif singulier pour les deux genres, bref au régime singulier.