« détester », définition dans le dictionnaire Littré

détester

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

détester

(dé-tè-sté)
  • 1 V. n. Jurer, pester. Pour venir au chartier embourbé dans ces lieux, Le voilà qui déteste et jure de son mieux, La Fontaine, Fabl. VI, 18.
  • 2 V. a. Condamner par paroles de réprobation. Tous accusent leurs chefs, tous détestent leur choix, Corneille, Hor. III, 2. Il déteste sa vie et ce complot maudit, Corneille, Cinna, IV, 1. Quand, dis-je, par un sort à mes désirs propice, Il reviendrait m'offrir sa vie en sacrifice, Détester à mes pieds l'action d'aujourd'hui, Molière, Dépit am. II, 4. Maudissez Jacob, hâtez-vous de détester Israël, Sacy, Bible, Nombres, XXIII, 7. Quelquefois elle déplore son aveuglement, d'autres fois elle le déteste, Bourdaloue, Carême, II, Aveuglement spirit. 346. Il pleura son crime, il le détesta, Bourdaloue, ib. I, Cendres, 69. Vous vous laissez aller à ces impiétés, êtes-vous les premières à les détester ? Bourdaloue, Avent, Resp. hum. 372. J'ai conçu la grièveté de mon péché et je l'ai détesté, Bourdaloue, ib. Pénit. 199. S'ils persistent dans leur infamie, détestez-la hautement, Massillon, Disc. synodaux, Observ. des stat. et ord. du dioc. Santeuil reçut les sacrements, et édifia autant qu'il fut regretté d'une compagnie peu portée à l'édification, mais qui détesta une si cruelle expérience [le tabac dans le verre], Saint-Simon, 50, 85.
  • 3Avoir en horreur. Je respecte autant l'un que je déteste l'autre, Corneille, Rodog. III, 4. Détestant ses rigueurs, rabaissant ses attraits, Je défiais ses yeux de me troubler jamais, Racine, Andr. I, 1. Objet infortuné des vengeances célestes, Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes, Racine, Phèd. II, 5. Rappelons-nous ce moment de la découverte, cette première entrevue des deux mondes, pour détester le nôtre, Raynal, Hist. phil. VI, 5.
  • 4Ne pouvoir endurer, supporter. Je déteste l'hiver. Je déteste les faiseurs de compliments.
  • 5Se détester, v. réfl. Avoir horreur de ses fautes. Se condamnant et se détestant pour avoir prêté les mains à une si coupable action.

    Avoir une haine violente l'un pour l'autre. Ces deux hommes se détestent.

HISTORIQUE

XVe s. Somme, plus ne diray qu'ung mot ; Car commencer vueil à tester ; Devant mon cler Fremin qui m'ot [m'entend], S'il ne dort, je vueil protester, Que n'entends homme detester En ceste presente ordonnance, Villon, Grand testam.

XVIe s. Detester toute voye de tromperie, Montaigne, I, 24. À quoy Theano s'opposa, disant qu'elle estoit religieuse pour prier et benir, non pas pour detester et mauldire, Amyot, Alc. 41. Fabricius, detestant la meschanceté de ce medecin, escrivit une lettre à Pyrrhus, Amyot, Pyrrh. 44. Celui-ci, detestant contre ses compagnons, s'offrit à remonter le bastion, D'Aubigné, Hist. II, 363.

ÉTYMOLOGIE

Lat. detestari, de la préposition de, et testari, attester (voy. TESTER). Le premier sens de detestari est repousser avec serment une assertion ou une accusation ; et de là vient l'idée d'horreur pour les personnes ou pour les choses.