« orateur », définition dans le dictionnaire Littré

orateur

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

orateur

(o-ra-teur) s. m.
  • 1Celui qui compose et prononce des discours. L'esclave Damis qui sert de secrétaire à cet orateur mercenaire, Corneille, Agésil. III, 2. …L'orateur recourut à ces figures violentes Qui savent exciter les âmes les plus lentes, La Fontaine, Fabl. VIII, 4. Nous ne pouvons rien, faibles orateurs, pour la gloire des âmes extraordinaires, Bossuet, Louis de Bourbon. Trois choses contribuent ordinairement à rendre un orateur agréable et efficace : la personne qui parle, la beauté des choses qu'il traite, la manière ingénieuse dont il les explique, Bossuet, Panég. St Paul, 1. …Et le triste orateur Demeure enfin muet aux yeux du spectateur, Boileau, Lutr. VI. S'il y a peu d'excellents orateurs, y a-t-il bien des gens qui puissent les entendre ? La Bruyère, IX. La principale partie de l'orateur, c'est la probité, sans elle il dégénère en déclamateur, il déguise ou il exagère les faits…, La Bruyère, XIV. Dans une ville libre comme Athènes, où le talent de la parole avait un pouvoir souverain, les orateurs avaient pris un tel ascendant sur l'esprit du peuple…, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. VIII, p. 231, dans POUGENS. Laissons à l'orateur qui charme sa patrie Le soin de nous louer quand nous l'aurons servie, Voltaire, Mort de César, II, 4. Rien n'est plus utile à un orateur pour se former l'oreille que de faire des vers bons ou mauvais, comme il est utile aux jeunes gens de prendre quelques leçons de danse pour acquérir une démarche noble et distinguée, D'Alembert, Éloges, Fléchier. Cette petite portion de l'humanité qui fait sa principale occupation du bonheur général de ses semblables, et dont il avait mérité d'être en quelque sorte l'orateur et le chef, Condorcet, Montigni. Les auditeurs assis et l'orateur debout, Delavigne, la Popularité, I, 3.

    L'Orateur romain, avec une majuscule, Cicéron.

    Orateur sacré, auteur de sermons, d'oraisons funèbres.

    On dit dans le même sens : orateur évangélique, orateur de la chaire.

    Orateur du barreau, avocat plaidant.

    Orateur de la troupe, celui qui parle pour une compagnie, une troupe de personnes ; locution tirée d'un ancien usage que les comédiens avaient de choisir entre eux un homme appelé l'orateur et chargé de faire les harangues et de composer les affiches.

  • 2En Angleterre, l'orateur, le président de la chambre des communes. Son major général [de Cromwell] Harrison va droit à l'orateur, et le fait descendre de la chaire avec violence, Voltaire, Mœurs, 181.
  • 3En parlant d'une femme. Une femme orateur.
  • 4Au XVIe siècle et au commencement du XVIIe, on disait orateur pour prosateur, qui n'existait pas. Il a fait imprimer un volume de sottises mesurées ; et, s'il est mauvais orateur, il est encore plus mauvais poëte, Guez de Balzac, Lett. à Conrart, 28 avril 1653.

HISTORIQUE

XIVe s. Si estoient les orateurs des Latins devers le senat, Bercheure, f° 38, recto. Tenons [les religieux, prieurs et couvent de la Fontaine Nostre Dame en Valoys] par devant tous autres du dit ordre nos principaux et especiaux chapellains et orateurs, Du Cange, orator.

XVIe s. Comment usonsnous en françois du mot d'orateurs ? Ce sont les evesques et prelats, lesquels, es lettres qu'ils envoyent aux roys et princes, prennent cette qualité de leurs humbles orateurs, rapportans ce mot à leurs devotions et prieres, Pasquier, Lett. t. I, p. 691. Henri par la grace de Dieu roy de France… sçavoir faisons avoir receu l'humble supplication de nos bien amez et devots orateurs les religieux, abbé et couvent de l'abbaye de saint Pierre de Jumieges, Du Cange, orator. On jugeroit que ces compositeurs Sont aussitost poetes qu'orateurs, Ch. Fontaine, dans MÉNAGE, Dict. au mot prosateur. Bonnet avoit lu tous les auteurs, Fors poetes et orateurs, Du Bellay, J. dans MÉNAGE, ib.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. orador ; ital. oratore ; du lat. oratorem, de orare, parler, dénominatif de os, oris, bouche.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ORATEUR. Ajoutez :
5Dans le XVIIe siècle, au théâtre, on appelait orateur l'acteur qui faisait l'annonce à la fin de la représentation, et qui, en proposant le programme du prochain spectacle, prenait véritablement l'avis de l'assemblée, se trouvant à la fois l'interprète des comédiens auprès du public, du public auprès des comédiens.
6Chez les francs-maçons, un des officiers de la loge ; il y joue un rôle analogue à celui du ministère public dans les tribunaux

REMARQUE

On commence à dire au féminin oratrice, qui d'ailleurs n'a rien d'irrégulier. La brûlante question du travail des femmes assez vaste par elle-même et dans laquelle plusieurs oratrices (le mot est consacré au Vauxhall) ont fait entrer aussi celle de l'émancipation de la femme, l'Indépendance belge, 20 août 1868.