« relais », définition dans le dictionnaire Littré

relais

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

relais [1]

(re-lê) s. m.
  • 1Chevaux frais et préparés de distance en distance pour remplacer ceux qui sont fatigués. Comme j'avais quarante relais placés entre Nantes et Paris, je serais arrivé infailliblement le mardi avant la pointe du jour, Retz, Mém. t. III, liv. IV, p. 458, dans POUGENS. Sa Majesté va demain voir Ath, sans la reine ni les dames, en relais de calèche, pour revenir le soir, Pellisson, Lett. hist. t. I, p. 36. On dit que Monsieur y doit aller ; je pense même que ce fut hier avec Mme de Montespan ; ils devaient faire cette diligence en relais, sans y coucher, Sévigné, 307. Nous allâmes d'une traite à Paris en relais, Saint-Simon, 99, 53.

    Par extension. Des relais d'hommes établis de demi-lieue en demi-lieue portaient les ordres, Voltaire, Mœurs, 148.

    Fig. La petite duchesse vous enverra sûrement jusqu'à Nemours, où certainement vous trouverez des amis, et le lendemain encore des amis ; ainsi, en relais d'amis, vous vous trouverez dans votre chambre, Sévigné, 4 nov. 1676. Il vint un marchand d'appétit, me demandant si je voulais qu'il me vendît des relais d'estomac pour manger toute la journée, Fénelon, t. XIX, p. 40.

    Avoir des chevaux de relais, des équipages de relais, avoir des chevaux, des équipages en assez grand nombre pour pouvoir se servir tantôt des uns, tantôt des autres.

    Fig. Avoir des habits, des meubles de relais, avoir des habits, des meubles de rechange.

    Fig. Être de relais, n'avoir point d'occupation présente. Le docteur, un beau jour le voyant sombre et triste, Lui dit : notre féal, vous voilà de relais, La Fontaine, Candaule.

  • 2 Terme de chasse. Chiens qu'on poste à la chasse du cerf ou du sanglier. Nous avions, comme il faut, séparé nos relais, Molière, Fâch. II, 7. Quand le loup est détourné, on amène les lévriers qui doivent le chasser ; on les partage en deux ou trois laisses ; on n'en garde qu'une pour le lancer, et on mène les autres en avant pour servir de relais, Buffon, Loup.

    Donner le relais, lâcher après la bête les chiens postés en relais. Monseigneur courut le cerf dans la forêt de Saint-Germain, avec les chiens de M. de Furstemberg ; on donna les relais à l'envers, c'est une manière de chasser extraordinaire ; on ne laissa pas de prendre le cerf et même fort vite, Dangeau, I, 129, 2 mars 1685. Ils ont pris ici les sept cerfs qu'ils ont courus, et ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est qu'ils donnent leurs relais à l'envers ; leurs vieux chiens sont à la meute, et les chiens les plus vites sont au dernier relais, Dangeau, I, 144, 30 mars 1685.

    Fig. Donner le relais, lâcher quelqu'un pour qu'il agisse, fasse impression. Nous lui donnâmes [au parlement] à cet instant le troisième relais, qui fut l'apparition du maréchal de la Mothe, qui se mit au-dessous de M. de Bouillon, et qui fit à la compagnie le même compliment que lui, Retz, Mém. t. I, liv. II, p. 286, dans POUGENS.

    Relais volant, celui qui suit la chasse.

  • 3Lieu où est le relais de voyage ou de chasse. Au premier relais. Au second relais.

    Il se dit particulièrement des stations de poste. Il y a tant de relais d'ici à tel endroit.

  • 4Distance fixe que parcourt chaque ouvrier transportant des terres à la brouette.
  • 5 Terme de fortification. Ancien synonyme de berme (c'est un espace qui est laissé).
  • 6Le terrain que laisse à découvert une eau courante qui quitte une rive pour se porter à l'autre.

    Il se dit aussi des terrains que la mer abandonne entièrement. Les lais et relais de mer.

  • 7 Terme de manufacture. Les ouvertures que l'ouvrier laisse dans une tapisserie, quand il change de couleur et de figure.

HISTORIQUE

XVIe s. Les Genevois [Génois] s'efforçoient à relais [en se relayant] de gaigner la place, Jean D'Auton, Annales de Louis XII, p. 78, dans LACURNE. On ne peut faire marcher ce meschant relez, D'Aubigné, Faen. I, 1. Le comte de Mansfeld avait partagé ses reistres en autant de relez qu'il y avoit de trouppes, D'Aubigné, Hist. I, 323. Ils eurent bien tost aux fesses le duc de Guise jusques à Montfort, et là il leur decoupla en rellais S. Leger ; mais ce fut en vain, D'Aubigné, ib. II, 20. Les dix canons des princes n'avoient equipage que pour trois, et les falloit desgager par relaiz, D'Aubigné, ib. III, 273. Ils demanderent des eschelles qu'on leur porta ; au bout de ces eschelles ils demeurerent sur un relez entre le rempart et la ruine qui estoit large, D'Aubigné, Hist. III, 250. Un relais de muraille lui sauva la vie, D'Aubigné, ib. III, 280. Les sieges et relais [sorte de chaise] lui soient d'ivoire blanc, Du Bellay, J. VI, 63, recto. Les Romains avoient des chevaux qui se menoient à dextre ou à relais, pour les prendre tous frais au besoing, Montaigne, I, 358.

ÉTYMOLOGIE

Relaisser ; Berry, relais, repos, relâche ; ital. rilascio ; bas-latin, relaxus. Ces formes ne laissent aucun doute sur l'origine ; l's y est radicale et non adventice, malgré relayer (voy. ce mot). Relais veut dire proprement : ce qui est laissé, relaissé : XIe s. Nului ne toille à son seignor son dreit service par nul relais [arriéré] que il li ait en arere, Lois de Guill. 34.

XIIe s. K'ainc puis ne fu un jur u nuit qu'il eüst pes, Que il ne fust batuz cinc feiz u quatre adès, U treiz à tut le mains, n en volt aveir relais, Th. le mart. 103.

XIVe s. À Robin Garnier, coffrier, pour deux coffres de relais, fermans chacun à deux ferreures, ferrez et clouez ainsi qu'il appartient pour mettre et porter en chariot le linge de relaiz de Ms. le duc d'Orleans, De Laborde, Émaux, p. 477. Coulez [passez] par l'estamine, puis rebroyez les relais [ce qui reste], Ménagier, II, 5.

XVIe s. Ils se entrelaissoient tousjours au despartir l'un d'avec l'autre un aguillon de desir et un reste et relais de chaleur amoureuse, Amyot, Lyc. 28.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

RELAIS. Ajoutez :
8 Terme de télégraphie électrique. Appareil à électro-aimant, employé dans la télégraphie électrique, lorsque le courant transmis par le fil de ligne est trop faible pour faire marcher le récepteur ; le relais, fonctionnant par l'action de ce courant, ferme le circuit d'une pile additionnelle en faisant passer dans l'appareil destiné à recevoir les signaux le courant de cette pile, qu'on nomme pile locale.