« ronce », définition dans le dictionnaire Littré

ronce

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ronce

(ron-s') s. f.
  • 1Genre de la famille des rosacées.

    Arbuste épineux et rampant dont le fruit, assez agréable, est nommé muron ou mûre sauvage, rubus fruticosus, L. Il croîtra des ronces et des chardons sur leurs autels, Sacy, Bible, Osée, X, 8. Les ronces dégouttantes Portent de ses cheveux les dépouilles sanglantes, Racine, Phèdre, V, 6. L'humble ronce embrassant la colonne superbe, Delille, Jard. IV.

  • 2 Fig. Tout ce qui pique, nuit comme la ronce. Oh ! que de mon esprit triste et mal ordonné, Ainsi que de ce champ par toi si bien orné, Ne puis-je faire ôter les ronces, les épines ! Boileau, à son jardinier. Chacun trouve ses voies semées de ronces et d'épines, Massillon, Avent, Afflict. Les plaisirs sont les fleurs que notre divin maître Dans les ronces du monde autour de nous fait naître, Voltaire, 4e disc. Ma carrière est difficile, semée de ronces et d'épines ; j'ai éprouvé toutes les sortes de chagrins qui peuvent affliger l'humanité, le roi de Pr. Lett à Voltaire, 24 févr. 1760.
  • 3Ronce framboise, le framboisier, rubus idaeus, L.
  • 4Espèce de raie.
  • 5Se dit des veines orbiculaires qu'on voit sur les lames de Damas et sur les bois noueux.

HISTORIQUE

XIIe s. Molt i ot voie felenesse, De ronces et d'espines plainne, Chrestien de Troyes, Chev. au lyon, V. 180. Mais à voz letres puis e veeir e sentir, Que ne puis pas les grapes des espines cuillir, Ne des runces les fiches…, Th. le mart. 85.

XIIIe s. Kar il s'entreheient de mort ; Li uns fu runce, l'autre espine, E issu de male racine, Édouard le conf. V. 4111.

XVe s. Enrossiné [piqué] d'une ronsse, Du Cange, runciae.

XVIe s. Et les quatre pilliers du petit bastiment [une cage] Sont d'une grosse ronce en quatre parts fendue, Ronsard, 736. Un rochier à l'escart, emmy des ronces, Montaigne, I, 176.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, ronh ; poitevin, ronde ; provenç. roize, s. m. et ronzer, s. m. Diez le tire du lat. rumex, rumicem, qui signifiait une sorte de dard, alléguant rumec qui en languedocien signifie ronce, et les formes analogues, ponce de pumicem, pouce de pollicem, etc. Cela est fort possible. Pourtant le sens n'est pas tout à fait satisfaisant ; et d'autre part le bas-latin donne une série de mots très voisins de ronce : c'est runcalis ou runca, lieu couvert de ronces ; c'est runcus, runchus, ronchus, ronce ; c'est ronscher, dans un texte du XIVe siècle (du Cange, runcare) ; tous mots rattachés au latin runcare, arracher les mauvaises herbes, les ronces.