« souci.2 », définition dans le dictionnaire Littré

souci

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

souci [2]

(sou-si) s. m.
  • 1Soin accompagné d'inquiétude. Elle qui n'a souci de moi, ni de mes larmes, Malherbe, V, 23. Et moi qui, jeune encore, en mes plaisirs m'égaie, Il faudra que je change et malgré que j'en aie, Plus soigneux devenu, plus froid et plus rassis, Que mes jeunes pensers cédent aux vieux soucis, Régnier, Sat. v. Rodrigue, fuis, de grâce, ôte-moi de souci, Corneille, Cid, III, 1. Sans prendre aucun souci de votre dignité, Corneille, Sertor. IV, 2. Votre compassion, lui répondit l'arbuste, Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci, La Fontaine, Fabl. I, 22. Aux noces d'un tyran tout le peuple en liesse Noyait son souci dans les pots, La Fontaine, ib. IV, 12. En quoi peut un pauvre reclus Vous assister ? que peut-il faire Que de prier le ciel qu'il vous aide en ceci ? J'espère qu'il aura de vous quelque souci, La Fontaine, ib. VII, 3. Les enfants n'ont l'âme occupée Que du continuel souci Qu'on ne fâche point leur poupée, La Fontaine, ib. IX, 6. Des soucis dévorants c'est [la richesse] l'éternel asile, La Fontaine, Phil. et Bauc. Ils plaignaient tour à tour leur amoureux souci, Segrais, Églogue 2. Il [Pygmalion] prête l'oreille au moindre bruit, et se sent tout ému ; il est pâle, défait, et les noirs soucis sont peints sur son visage toujours ridé, Fénelon, Tél. III. Si quelqu'un est en souci de savoir ce que je fais dans mes chaumières, Voltaire, Lett. d'Alemb. 15 oct. 1759. Je jetais mes livres dans le public avec la certitude d'avoir parlé pour le bien commun, sans aucun souci du reste, Rousseau, Confess. IX.

    Familièrement. C'est là le moindre de mes soucis, le cadet de mes soucis, je ne m'en inquiète nullement.

    Vous ne vivrez pas longtemps, vous prenez trop de souci, se dit à ceux qui se mêlent mal à propos des affaires d'autrui.

  • 2 Fig. et poétiquement. Objet pour lequel notre inquiétude est éveillée. Beauté, mon beau souci, de qui l'âme incertaine A, comme l'océan, son flux et son reflux, Malherbe, V, 29. Touche, je veux t'aimer, tu seras mon souci, Corneille, Suite du Ment. I, 2. Ce nouvel Adonis, à la blonde crinière, Est l'unique souci d'Anne la perruquière, Boileau, Lutr. I.
  • 3Un sans-souci, voy. SANS-SOUCI.

HISTORIQUE

XIVe s. Moult estoit de laide figure, Soussy fu par nom appellés, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 6. Par foi, or voi je bien, le cuer avez failli, Que vous voi maintenant entrer en ce soussi, Guesclin. 12323.

XVe s. Bon cidre oste le soussy D'un procès qui me tempeste, Basselin, XXVII.

XVIe s. Mais, monseigneur, quant tout est dist, mon principal soucy est de vostre santé, Marguerite de Navarre, Lett. XXIV. Les enfans sans souci, Lanoue, 498. Soucis mondains, Lanoue, 533. Pour charmer mon souci, Page, verse à longs traits du vin dedans ce verre, Ronsard, 273. … Et que daignez avoir souci de mon souci, Ronsard, 273. Aime-t-il point une autre amie Depuis qu'il s'en alla d'ici, Ou s'il m'a tousjours en souci ? Ronsard, 567. Ses parents [de Caton], ses domestiques et beaucoup de gents de bien en estoient en grand soulcy [à cause de son conflit avec Métellus], Montaigne, I, 340. À quel soulcy ne nous desmettons-nous pour leur commodité [de nos chiens et de nos chevaux] ? Montaigne, II, 169. Soucy d'yvrogne, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 417.

ÉTYMOLOGIE

Substantif fait du verbe soucier ; bourg. sôci.