« sourire », définition dans le dictionnaire Littré

sourire

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sourire [1]

(sou-ri-r') v. n.

Se conjugue comme rire.

  • 1Rire sans éclat, par un léger mouvement de la bouche et des yeux. Ils se sont souri réciproquement. Elle s'est souri en se mirant dans la glace. Sa bouche, qui est la plus petite et la plus vermeille et la mieux façonnée du monde, ne sait que rire, elle ne sourit pas, Fontenelle, Lett. galantes, 30. Je pris un milieu que je m'imaginai en être un, et ce fut de me contenter de sourire sans rien répondre, Marivaux, Pays. parv. 3e part. M. Pigal m'a fait [dans sa statue] parlant et pensant… il m'a fait même sourire ; c'est apparemment de toutes les sottises que l'on fait tous les jours dans votre grande ville, et surtout des miennes, Voltaire, Lett. d'Alembert, 21 juin 1770. On ne rit plus, on sourit aujourd'hui, Et nos plaisirs sont voisins de l'ennui, Bernis, Épît. I, goût. Souriant toujours et ne riant jamais, il disait du ton le plus élégant les choses les plus grossières, et les faisait passer, Rousseau, Conf. III. Ce malade a je ne sais quoi d'égaré dans les yeux, il sourit d'une manière effrayante, Diderot, Salon de 1767, Œuv. t. XIV, p. 298, dans POUGENS. Coulez, bons vins ; femmes, daignez sourire ; Et l'univers est consolé, Béranger, la Nature.
  • 2Sourire à quelqu'un, lui témoigner par un souris de la bienveillance, de l'affection. Je reçus et je vois le jour que je respire, Sans que père ni mère ait daigné me sourire, Racine, Iph. II, 1. Oui, souris, orphelin, aux larmes de ta mère, Hugo, Odes, I, 8.

    Sourire à quelque chose, en être content. La galanterie fut telle, que la pudeur pouvait lui sourire ; et ni la décence ni la liberté ne se gênèrent mutuellement, Marmontel, Cont. mor. Bon mari. Et tout ce peuple ingrat pour qui je périrai, Viendra, la joie au front, sourire à mes tortures, Delavigne, Vêpres sicil. II, 6.

  • 3Exprimer, par un sourire, qu'on a pénétré la pensée, l'intention d'une personne. Vous souriez, vous m'avez compris.

    Manifester par un sourire son incrédulité. Vous souriez, vous ne croyez pas un mot de ce qu'on vous rapporte.

  • 4Montrer un visage souriant. Souris même à l'envie amère et discordante, Hugo, Odes, III, 4.
  • 5 Fig. Avoir un aspect favorable. Il était presque jour, et le ciel souriant…, Régnier, Épît. I. Le seul printemps sourit au monde en son aurore, Delille, Géorg. II. Flore a souri, ma voix va chanter les jardins, Delille, Jard. I.

    La fortune lui sourit, elle le favorise.

  • 6Plaire, convenir. Cette affaire lui sourit beaucoup. Ce lieu me sourit, je suis tenté d'y bâtir.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

HISTORIQUE

XIIe s. Dunc ad li reis surris, ne sai s'i out faintié, Th. le mart. 118.

XIIIe s. Tous li plus courouciés de la joie en sourist, Berte, XCI. Li prestres de mal cuer sorrist, Lai d'Ignaurès. En sorriant as bacons [jambons] dist : Moult par est fox qui là vous mist, Ren. 255.

XVe s. Quand le comte [de Flandres] passa parmi eux, ils [les blancs chaperons] sourirent et moult follement le regarderent, Froissart, II, II, 60.

XVIe s. Adonc Scipion, en se soubsriant tout doulcement, luy demanda., .. Amyot, Flamin. 43.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. sobsrire, somrire, sorire, sorrire ; espagn. sonreir ; portug. sorrir ; ital. sorridere ; du lat. subridere, de sub, sous, et ridere, rire.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. SOURIRE. Ajoutez :
7Dans certaines provinces, il se dit d'un liquide qui bout très légèrement, qui bout à peine. C'est pour ménager cette substance [l'osmazôme], quoique encore inconnue, que s'est introduite la maxime que, pour faire de bon bouillon, la marmite ne devait que sourire, expression fort distinguée pour le pays d'où elle est venue, Brillat-Savarin, Physiol. du goût, Méd. v. (il s'agit sans doute du pays de Brillat-Savarin, le Bugey).