« superfluité », définition dans le dictionnaire Littré

superfluité

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superfluité

(su-pèr-flu-i-té) s. f.
  • 1Ce qui est superflu. La seconde et troisième scène ont leur défaut accoutumé de la superfluité de l'infante, et font languir le théâtre par le peu qu'elles contribuent à la principale aventure, Acad. Sentim. Cid. Le blé, riche présent de la blonde Cérès, Trop touffu, bien souvent épuise les guérets, En superfluités s'épandant d'ordinaire, La Fontaine, Fabl. IX, 11. M. de Grignan s'est jeté dans cette superfluité [un double menton], Sévigné, 28 oct. 1685. La table toutefois, sans superfluité, N'avait rien que d'honnête en sa frugalité, Boileau, Sat. X. Il faut éviter la superfluité des choses comme la surabondance des mots, Marmontel, Œuvres, t. VIII, p. 496.
  • 2Choses superflues. Vous connaîtrez l'ordre des idées principales : vous mettrez les accessoires à leur place : vous éviterez les superfluités, et vous vous arrêterez sur les idées intermédiaires qui mériteront d'être développées, Condillac, Art d'écr. Œuvr. t. VII, p. 289, dans POUGENS.
  • 3Particulièrement, choses de luxe. Elle [Mme d'Aiguillon] trouvait honteux que l'avarice n'eût point de bornes, que le luxe se répandît en superfluités infinies, et qu'il n'y eût que la charité qui fût ménagère et resserrée, Fléchier, Aiguillon. Les empereurs Nerva, Trajan, Antonin, Marc-Aurèle, firent vendre les palais, la vaisselle d'or et d'argent, les meubles précieux et toutes les superfluités dont ils pouvaient se passer, Rollin, Traité des Ét. v, I, 3. L'abus des superfluités dont on se fait des besoins, Massillon, Confér. Us. des reven. ecclésiast. À l'exemple des autres peuples de l'Europe, les Français montraient un goût décidé pour les superfluités de l'Orient, Raynal, Hist. phil. IV, 3.
  • 4Humeurs surabondantes. Les sueurs, qui affaiblissent tout le monde, me donnent de la force, et me font voir que ma faiblesse venait des superfluités que j'avais encore dans le corps, Sévigné, 281.

HISTORIQUE

XIIe s. Toz jors engenret la char superfluiteiz, ki toz jors sont à retrenchier, Job, p. 484.

XIIIe s. Ele aide à espurgier les superfluités et les fumées qui se puent [peuvent] engerrer [engendrer] entour le cuer [cœur], Alebrand, f° 3.

XIVe s. La moelle est pure superfluité de nourrissement, H. de Mondeville, f° 11. Qui ses biens presens garde sans superfluité, De legier ne puet pas avoir calamité, Girart de Ross. v. 3017. Aucuns jouvenceaux desquels, au temps du roy Tarquin, la luxure et la superfluité avoit esté moult grande, Bercheure, f° 28, recto. Les grans oultraiges et superfluités, comme de viandes grandes et oultrageuses, Ménagier, I, 3.

XVe s. Tous les jours nous ne faillions point que nous n'eussions quelque bonne prise dont nous estoffions nos superfluités et jolietés, et maintenant tout nous est mort, Froissart, II, III, 24. Et est à eschever [éviter] la superfluité d'officiers aujourduy et ou temps present, Bibl. des ch. 6e série, t. II, p. 139. Qu'elle [l'âme] apprengne d'estre contente de peu, et non pas desirer superfluité, Intern. consol. II, 11.

XVIe s. Il [Xénophon] estimoit que l'exercice, le travail continuel et la sobrieté debvoient avoir cuict et asseiché toutes ces superfluitez [cracher et suer], Montaigne, III, 91.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. superfluitat, sobrefluitat ; espagn. superfluidad ; ital. superfluità ; du lat. superfluitatem, de superfluus, superflu.