« taillé », définition dans le dictionnaire Littré

taillé

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

taillé, ée

(tâ-llé, llée, ll mouillées) part. passé de tailler
  • 1Dont on a coupé, retranché quelque partie, pour lui donner quelque forme, l'ajuster à quelque usage. Quel colosse de bronze et taillé doctement ! Tristan, M. de Chrispe, I, 3. Il veut [Jésus] que son sépulcre soit honorable… il est situé au milieu d'un jardin, taillé tout nouvellement dans le roc, Bossuet, 1er sermon, Pâques, préambule. Il a paru un Batave [Leuwenhoeck] qui, avec le secours d'un verre admirablement taillé, a vu…, Voltaire, Dial. XXIX, 9.

    Fig. Moi, pierre dure et insensible ; moi, qui ne puis être taillé que sous les coups redoublés du marteau, Fénelon, t. XVIII, p. 154.

    Fig. et familièrement. Besogne toute taillée, ouvrage dont les matériaux sont si bien préparés qu'il n'y a plus qu'à en faire usage.

  • 2Plume taillée, plume préparée avec le canif de manière à pouvoir écrire. Ah ! plût à Dieu que j'eusse des plumes taillées de votre main (je ne sors pas de furie, j'en écrase tous les jours cinq ou six), et qu'avec cette plume si bien taillée, que je n'ai point, je pusse, mon cher monsieur, vous remercier dignement ! Sévigné, à du Plessis, 19 janvier 1691.

    Fig. Vous trouvez que ma plume est toujours taillée pour dire des merveilles du grand maître [Louis XIV] ; je ne le nie pas absolument, Sévigné, 299. Sa plume [du duc de Grammont] n'était pas taillée pour une si vaste matière [l'histoire du roi], Saint-Simon, 132, 209. Enfin tous les yeux sont éclairés toutes les langues déliées, toutes les plumes taillées en faveur de la raison, Voltaire, Lett. d'Argental, 21 déc. 1768.

  • 3 Terme de marine. Navire taillé, celui dont les fonds sont plus évidés qu'il n'est d'usage.
  • 4Coupé par morceaux.

    Fig. Il fallut forcer le village et le cimetière, ce qui fut exécuté, et il y eut deux ou trois régiments taillés en pièces, Pellisson, Lett. hist. t. II, p. 146.

  • 5Cote mal taillée, arrêté de compte en gros, sans égard à ce qui peut appartenir à chacun à la rigueur.
  • 6Qui a subi l'opération de la taille. Le pauvre Pomenars fut taillé avant-hier avec un courage héroïque, Sévigné, 398.
  • 7 Terme de blason. Se dit d'un écu lorsqu'il est partagé en deux parties égales par une ligne tirée de la gauche du chef à la droite de la pointe.

    Mal taillé, se dit d'un habit qui est représenté de deux couleurs rangées non symétriquement.

  • 8Il se dit d'un vêtement que l'on coupe dans une étoffe. … Sur la création Hercule promenait l'éternelle justice, Sous son manteau sanglant taillé dans un lion, Musset, Rolla.
  • 9Qui a une certaine forme. Une gorge blanche, ferme, taillée comme celle de la Vénus de Médicis, Voltaire, Candide, 11.

    Bien, mal taillé, qui a un corps bien ou mal fait, bien ou mal proportionné. Peu de nos gens de cour sont mieux taillés que lui, Corneille, le Ment. II, 1. Six laquais bien taillés, la livrée admirable, Hauteroche, Bourg. de qual. I, 2. Les bêtes ne s'admirent point ; un cheval n'admire pas son compagnon… étant à l'étable, le plus pesant et le plus mal taillé ne cède pas son avoine à l'autre, Pascal, Pens. div. 76, édit. FAUGÈRE. L'homme le plus mal taillé ne cède pas son pain à l'autre ; mais le plus fort l'enlève au plus faible, Voltaire, Rem. Pens. Pascal, 52.

    Fig. Être taillé à, avoir la capacité de. Sont-ce des visions que je me mets en tête, Quand je me crois taillée à pouvoir mériter La gloire de quelque conquête ? Molière, Psyché, I, 1. Vous êtes taillée à être bien malheureuse, Maintenon, Prov. p. 85, dans POUGENS. Tu n'es pas taillé pour être le messager de Cecourt, Marivaux, Pays. parv. 6e part.