« volage », définition dans le dictionnaire Littré

volage

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

volage

(vo-la-j') adj.
  • 1Qui est changeant et léger. …Ceux qui cherchent vainement Cette fille du Sort [la Fortune] de royaume en royaume, Fidèles courtisans d'un volage fantôme, La Fontaine, Fabl. VII, 12. Et l'on craint… Qu'il n'entraîne après lui tout un peuple volage, Racine, Phèdre, I, 4. [Thésée] Volage adorateur de mille objets divers, Racine, ib. II, 5. Une femme inconstante est celle qui n'aime plus… une volage, celle qui ne sait si elle aime et ce qu'elle aime, La Bruyère, III. Que m'importe à présent ce peuple et son outrage, Et sa faveur crédule, et sa pitié volage ? Voltaire, Tancr. v, 3. … Pourtant il faudrait, entre nous, Ou n'être point volage on n'être point jaloux, Collin D'Harleville, Chât. en Esp. II, 3. La vie eut bien pour moi de volages douceurs ; Je les goûtais à peine, et voilà que je meurs, Chénier, Élégies, I, 9.

    Substantivement. Personne changeante. Vengez-vous d'un ingrat, punissez un volage, Corneille, Hor. II, 5. Que je verrais, Albin, ma volage punie, Si de ces grands apprêts pour la cérémonie… Elle n'avait que l'ombre et qu'une autre eût le fruit, Corneille, Tite et Bér. I, 3. J'assure à mon volage un retour plus facile, La Chaussée, Préjugé à la mode, IV, 3.

  • 2 Terme de marine. Navire volage, navire qui manque de stabilité, et plie aisément sous ses voiles.

    Compas ou boussole volage, dont l'aiguille a une trop grande mobilité.

    En termes d'artillerie de mer, on dit qu'un canon est volage quand il a un recul très vif.

  • 3Ancien terme de médecine. Feu volage, sorte d'éruption qui vient au visage et aux lèvres, surtout chez les enfants.

    Fig. Tout cela [discours de piété sans pratique] n'est qu'un feu volage qui se dissipe de lui-même, Bossuet, Méd. sur l'Év. la Cène, 89e jour.

HISTORIQUE

XIIe s. Car pleüst Deu qui fit oisel volage…, Ronc. p. 65. Onques vers li [elle] n'oi [je n'eus] faus cuer ne volage, Couci, XI.

XIIIe s. Li uns dit qu'ele [la dame] n'est pas sage ; Li autres la tient à volage, Lai du conseil. Jone escuier au poil volage, Trop me plaing de vostre folage, Qu'à nul bien faire n'entendeiz, Ne de rien ne vos amendeiz, Rutebeuf, 115. Fous est qui à escient Vuet sor gravelle semer ; Et cil plus, qui entreprent Volage feme à amer, Hist. litt. de la Fr. t. XXIII, p. 759.

XIVe s. Qui fiert de paume, ou de poing, de verge, ou de legier baston, et sancs issoit volages, le ferour [celui qui a frappé] ne doit que trois sols, Ordonn. des rois, t. II, p. 348. Trois compaignons volages [de passage] et dont ladite Marguerite ne scet les noms, vinrent en ladite ville de Neuvis ou baillage de Troies, Du Cange, volagius. Lequel Huart est homme ancien et homme lunatique et insensible, et par plusieurs fois comme volage et ydiot, Du Cange, ib.

XVIe s. Je ne veux point de trop volage amie, Ny ne la veux aussi trop endormie, Saint-Gelais, 230. Ils esgarent çà et là les poures ames en speculations volages, Calvin, Instit. 417. Les plus volages et plus prompts à entreprendre toutes choses temerairement suivoient les esperances de Caesar, Amyot, Crassus, 13. Il [Eudoxus] veult, au prix de sa vie, acquerir une science de laquelle l'usage et possession luy soit quand et quand ostée, et, pour cette soublaine et volage cognoissance, perdre toutes aulres cognoissances qu'il a, Montaigne, II, 243.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. volatge ; du lat. volaticus, qui vole, volage, de volare (voy. VOLER 1).