« écrivain », définition dans le dictionnaire Littré

écrivain

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

écrivain

(é-kri-vin ; au pluriel, l's se lie : des é-kri-vin-z habiles) s. m.
  • 1Celui qui écrit pour d'autres. Écrivain public. Prenez vos plumes sacrées, vous qui composez les annales de l'Église, agiles instruments d'un prompt écrivain et d'une main diligente, hâtez-vous de mettre Louis avec les Constantin et les Théodose, Bossuet, le Tellier.

    Expert écrivain, maître d'écriture assermenté près d'un tribunal.

    Terme de marine. Anciennement, agent comptable chargé de tenir les registres en ordre, de veiller aux consommations et de les porter sur les livres. L'écrivain ne pourra quitter le vaisseau, que le voyage entrepris n'ait été achevé, à peine de perte de ses gages…, Ordonnance, août 1681.

    Aujourd'hui, titre donné à un employé non entretenu qui remplit quelques-unes des fonctions attribuées au commis de la marine, Jal L'écrivain a qualité pour recevoir les testaments faits sur mer.

    Écrivain apostolique, secrétaire de la chancellerie du pape.

  • 2Homme qui compose des livres. Si quelqu'un s'étonne qu'après tant d'écrivains je mette la main à la plume, il cessera de s'étonner s'il vient à lire cet ouvrage, Perrot D'Ablancourt, Arrien, liv. I, ch. 1. Travaille pour la gloire, et qu'un sordide gain Ne soit jamais l'objet d'un illustre écrivain, Boileau, Art p. IV. Qui dit froid écrivain dit détestable auteur, Boileau, ib. Que de tant d'écrivains de l'école d'Ignace Étant, comme je suis, ami si déclaré, Boileau, Ép. X. Soyez plutôt maçon, si c'est votre talent, Ouvrier estimé dans un art nécessaire, Qu'écrivain du commun et poëte vulgaire, Boileau, Art p. IV. Éprise des beaux-arts, recherchant le génie Des écrivains fameux que vante l'Ausonie, Legouvé, Épich. et Néron, I, 1. Des écrivains judicieux et instruits ont à différentes époques écrit l'histoire de votre pays, Courier, Lettre à M. Delegorgue. Le Pamphlet des pamphlets montra le talent de Courier arrivé à cette période de puissance où l'écrivain n'imite plus personne et prétend servir d'exemple à son tour, Carrel, Œuvres, t. V, p. 211. À mesure que P. Louis Courier produit, on peut remarquer son allure plus dégagée, plus libre, sa manière se séparant de plus en plus de celle des écrivains auxquels on a pu d'abord le comparer, ID. ib. t. V, p. 212. Les cieux pour les mortels sont un livre entr'ouvert ; Chaque siècle avec peine en déchiffre une page, Et dit : ici finit ce magnifique ouvrage ; Mais sans cesse le doigt du céleste écrivain Tourne un feuillet de plus de ce livre divin, Lamartine, Harm. II, 4.

    Il se dit aussi des femmes. Mme de Staël est un très bon écrivain.

    Absolument. C'est un écrivain, c'est un homme habile dans l'art d'écrire.

  • 3Espèce de perche, poisson.

    Insecte nuisible, nommé aussi coupe-bourgeon.

SYNONYME

ÉCRIVAIN, AUTEUR. Auteur est plus général qu'écrivain ; il se dit de toute composition littéraire ou scientifique, en prose ou en vers : un poëte en composant une tragédie, et un mathématicien en composant un traité de géométrie sont des auteurs. Mais écrivain ne se dit que de ceux qui ont écrit en prose des ouvrages de belles-lettres ou d'histoire ; ou du moins, si on le dit des autres, c'est qu'alors on a la pensée fixée sur leur style : Descartes est un auteur de livres de philosophie et de mathématiques, mais c'est aussi un écrivain. Racine est un grand écrivain, par la même raison, parce que son style est excellent, car eu égard à la forme du langage employé on dira toujours que c'est un grand poëte.

HISTORIQUE

XIIe s. La meie langue, chalemeals [calame] d'escrivang, ignelment [vite] escrivant, Liber psalm. p. 59. E Achidan e Bachidem assemblerent assez escrivains por requerre lor droit et lor raison, Machabées, I, 6. E Siba maistres escriveins, e Sadoc e Abiathar pruveires [prêtres], Rois, p. 200.

XIIIe s. Aprentif jugleor et escrivain marri, Berte, I. Et s'il y avoit à amender par le vice de l'escrivain, il seroit esgardé et amendé par les auditeurs, Beaumanoir, XL, 38.

XVIe s. Les autres nations, qui pour la bonté des escrivans nous surpassent èsdites choses, et ne seroient à comparer à nous, si escrivans ne nous eussent failly, Du Bellay, M. Prolog. Escripvain de la nave [commis dans un navire], La Salade, f° 31, dans LACURNE. Il y debvroit avoir quelque coerction des lois contre les escrivains ineptes et inutiles, comme il y a contre les vagabonds et faineants, Montaigne, IV, 65.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, skryen ; provenç. escriban ; catal. escribá ; espagn. escribano ; portug. escrivão ; ital. scrivano ; bas-lat. scribanus, dérivé du latin scriba, scribe.