« écriture », définition dans le dictionnaire Littré

écriture

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

écriture

(é-kri-tu-r') s. f.
  • 1Ce qui est écrit. Toutes ces écritures ont passé sous vos yeux. Voyez votre écriture ; Vous n'appellerez pas de votre signature, Racine, Plaid. III, 4.

    Terme d'administration. Comptes, correspondances, rapports. Multiplier les écritures. Commis aux écritures.

    Tenir les écritures, se dit dans la banque et le commerce, de l'employé qui est chargé des comptes et correspondances.

    Terme de palais. Écrits qu'on fait pour un procès. Fournir des écritures. Qu'on cherchât une fin aux écritures, La Bruyère, XIV.

    Écritures de banque, les billets que les banquiers ou négociants se donnent réciproquement pour opérer des transferts.

    Terme de marine. Papiers, registres, passeports.

  • 2L'art d'écrire ; reproduction de la parole par des lettres. L'écriture est la peinture de la voix : plus elle est ressemblante, meilleure elle est, Voltaire, Dict. phil. orthographe. Quand l'écriture fut trouvée, plusieurs blâmaient cette invention, non encore justifiée aux yeux de bien des gens ; on la disait propre à ôter l'exercice de la mémoire et à rendre l'esprit paresseux, Courier, Préface à Hérodote.

    Écriture idéographique, celle qui représente directement les idées, par exemple chez nous les signes de ponctuation. Écriture phonétique, celle qui représente les sons de la parole. Écriture syllabique, celle qui ne décompose pas les syllabes en voyelles et consonnes. Écriture alphabétique, celle qui représente les sons de la voix avec les lettres d'un alphabet. Écriture hiéroglyphique, écriture des Égyptiens qui représentait en général non des sons, mais des mots. Écriture démotique, écriture cursive des Égyptiens dérivée des hiéroglyphes.

  • 3Art, manière de former les lettres. Avoir une belle écriture. Une écriture illisible. Oui, si je ne savais quelle est ton écriture, Mairet, Sophon. I, 1. On avait parfaitement imité son écriture, Fénelon, Tél. XII. Mon écriture n'est pas mauvaise, repartit Henriette, et, si vous le permettez, je serai votre maîtresse, Genlis, Veillées du chât. t. I, p. 51, dans POUGENS.

    Forme particulière des caractères. L'écriture gothique. L'écriture cursive. L'écriture anglaise.

  • 4Action d'écrire. Je vis l'autre jour du Chesne chez M. de Coulanges, qui a gardé plus de quinze jours sa chambre pour des dégoûts et des plénitudes ; il me parla de votre santé, et me dit encore pis que pendre de cette chienne d'écriture, Sévigné, 395.
  • 5L'Écriture sainte, ou, absolument, l'Écriture, les Écritures, c'est-à-dire l'Ancien et le Nouveau Testament (en cette acception, Écriture prend un É majuscule). Nous lisons dans l'Écriture sainte. Ces explications licencieuses font trouver tout ce qu'on veut dans l'Écriture, Bossuet, Var. II, § 23. [Suivant cette doctrine] Ce n'est pas le sentiment qu'on a des choses qui doit être éprouvé par l'Écriture ; mais l'Écriture elle-même n'est connue ni sentie que par le sentiment qu'on a des choses avant que de connaître les saints livres, et la religion est formée sans eux, Bossuet, ib. XV, § 115. Ne vous étonnez pas, chrétiens, si je ne fais plus, faible orateur, que de répéter les paroles de la princesse palatine ; c'est que j'y ressens la manne cachée et le goût des Écritures divines, que ses peines et ses sentiments lui faisaient entendre, Bossuet, Anne de Gonz. Nous mourons tous, disait cette femme dont l'Écriture a loué la prudence au second livre des Rois, et nous allons sans cesse au tombeau, ainsi que des eaux qui se perdent sans retour, Bossuet, Duch. d'Orl. Le matin elle fleurissait ; avec quelles grâces, vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions par lesquelles l'Écriture sainte exagère l'inconstance des choses humaines, devaient être pour cette princesse si précises et si littérales, Bossuet, ib. Quand on étudie avec quelque soin les Écritures, on reconnaît que c'est toujours la force des pensées et la grandeur des sentiments qui en font la beauté, Rollin, Traité des Ét. IV, 3.

    Fig. Accorder ou concilier les Écritures, accorder, concilier des passages qui sont en désaccord, sauver des contradictions.

  • 6Nom de plusieurs coquilles. Écriture arabique ou écriture chinoise, la Vénus littérée. Écriture hébraïque, le cône hébreu. Écriture grecque, la Vénus fortifiée.

    PROVERBE

    Il est bien âne de nature qui ne peut lire son écriture.

HISTORIQUE

XIIe s. De ce dist la Scriture des dampneiz : guai à ceaz [malheur à ceux] ki ont perdue la soffrance, Job, p. 448.

XIIIe s. Mauvaisement lor souvient de l'Escriture, qui dist par le [la] bouce David le roi…, Chr. de Rains, p. 2. … Se mots i trovez jà mis, Qui semblent mordans ou chenins Encontre les meurs femenins, Que ne m'en voilliez pas blasmer, Ne m'escriture diffamer, la Rose, 15406. Et quant aucuns veut avoir letres en la maniere dessus dite, ce doit estre à son coust de l'escripture et du seel [sceau], Beaumanoir, XXXIX, 60.

XIVe s. Et ainsi les Romains avoient les escriptures des Grecs et ceste science comme de Aristote, Platon et des autres, Oresme, Prol. Plustost se post [pût] dampner qu'uns autres le porroit, Car il scet l'escripture, et toute la conchoit [conçoit], Baud. de Seb. VII, 890.

XVIe s. Les trois doigts par escripture quantz biens quantz maux ont faict, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 334.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. escriptura ; espagn. escritura ; ital. scrittura ; du latin scriptura, de scribere, écrire.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉCRITURE. Ajoutez :
7 Au plur. Les écritures, nom que, dans l'Aunis, les vignerons donnent aux bourgeons à fruit des vignes. On commence à voir les écritures, Gloss. aunisien, p. 99.