« édifice », définition dans le dictionnaire Littré

édifice

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

édifice

(é-di-fi-s') s. m.
  • 1Grand bâtiment, palais, temple. Un superbe édifice. Des édifices sacrés. Ni l'édifice n'est plus solide que le fondement, ni l'accident attaché à l'être plus réel que l'être même, Bossuet, Duch. d'Orl. Comme une colonne dont la masse solide paraît le plus ferme appui d'un temple ruineux, lorsque ce grand édifice qu'elle soutenait fond sur elle sans l'abattre…, Bossuet, Reine d'Anglet. Comme si, dans le fond de ce vaste édifice, Dieu cachait un vengeur armé pour son supplice, Racine, Athal. I, 1. Ces édifices [de Moscou], ces palais et jusqu'aux boutiques, étaient tous couverts d'un fer poli et coloré, Ségur, Hist. de Napol. VIII, 1.
  • 2 Par extension, il se dit de toutes les choses faites, arrangées, combinées avec art. Et qu'une main savante, avec tant d'artifice, Bâtit de ses cheveux le galant édifice, Boileau, Sat. X.
  • 3 Fig. Ce qui résulte d'un ensemble de combinaisons. L'édifice de la société féodale. Lui seul… De la religion soutient tout l'édifice, Racine, Esth. Prol. Se bâtir un édifice périssable de grandeur sur la terre, Massillon, Car. Temples. Après avoir commencé l'édifice, vous n'avez jamais pu l'achever, Massillon, ib. Pâques. C'est vous qui par mes mains fondiez sur la justice De notre liberté l'éternel édifice, Voltaire, Brut. V, 4. De souvenir en souvenir J'ai reconstruit mon édifice : Je vais conter, pour en finir, Ce qu'on me dit de ma nourrice, Béranger, Nourrice.

SYNONYME

ÉDIFICE, BÂTIMENT, MONUMENT. Le bâtiment, c'est tout ce qu'on bâtit ; une cabane est un petit bâtiment ; une caserne en peut être un grand. L'édifice suppose plus d'art, plus de grandeur, d'élévation, des matériaux plus solides. Un marché public qui n'a presque pas de hauteur, n'est qu'un grand bâtiment ; l'église des Invalides est un édifice. Le monument est ce qui sert à instruire la postérité, ce qui reste comme une marque de la grandeur des peuples ou des hommes : la porte Saint-Denis, l'arc de l'Étoile, sont des monuments ; et, par extension, on donne ce nom aux beaux édifices et aux tombeaux.

HISTORIQUE

XIIIe s. S'il s'enfuioit, li edefises de se [sa] maison seroit abattus, Tailliar, Recueil, p. 511. Qui veut prisier edefices, si comme mesons ou pressoirs, ou molins, il doit regarder le liu où li edifices est, Beaumanoir, XXVII, 18.

XIVe s. Mais li ducs, qui voloit user [agir] à son advis, Volt de Resnes veoir trestous les edefis, Guesclin. 1954.

XVe s. Ce petit grenier estoit d'ancien edifice [construction], tout deplanché, tout delatté, et pertuisé et rompu en plusieurs lieux, Louis XI, Nouv. XXXIV. L'en ne peut faire bon edifice sur mauvais fondement, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 337.

XVIe s. La reparation et entretenement des edifices publiques et sacrez, Amyot, Caton, 38. [Les améliorations qu'on fait sur un fonds tenu à bail congéable] sont appellées edifices et superficies et plus communement droits convenanciers ou droits reparatoires, Nouveau coust. génér. t. IV, p. 414.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. edifici ; espagn. edificio ; ital. edifizio ; du latin ædificium (voy. ÉDIFIER).