« abeille », définition dans le dictionnaire Littré

abeille

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abeille

(a-bè-ll' ; ll mouillées) s. f.
  • Insecte qui produit le miel et la cire, et qui appartient au genre des insectes hyménoptères. Un essaim d'abeilles se compose d'une femelle, de mâles et de neutres ou ouvrières ; les femelles et les neutres sont armés d'un aiguillon long d'environ deux lignes. L'aiguillon de l'abeille reste presque toujours dans la piqûre, si l'insecte a été chassé brusquement. L'abeille recueille le miel dans les fleurs. Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller le miel que l'abeille distille, Boileau, Sat. I. Les lieux où croît l'encens, où murmure l'abeille, Ducis, Abuf. I, 5. Je suis chose légère et semblable aux abeilles, A qui le bon Platon compare nos merveilles, La Fontaine, Ép. à Huet. Et semblable à l'abeille en nos jardins éclose, De différentes fleurs j'assemble et je compose Le miel que je produis, Rousseau J.-B. Ode au C. de Luc. Le ruisseau n'apprend pas à couler dans sa pente, L'aigle à fendre les airs d'une aile indépendante, L'abeille à composer son miel, Lamartine, Nouv. méd. V. Et que mes doux regards soient suspendus au tien, Comme l'abeille avide aux feuilles de la rose, Lamartine, ib. X.

    La reine des abeilles. Autrefois on croyait que c'était un roi. Jusqu'au son de sa voix [de Louis XIV] et à l'adresse et à la grâce naturelle et majestueuse de toute sa personne le faisaient distinguer jusqu'à sa mort comme le roi des abeilles, Saint-Simon, 406, 68.

    Le manteau impérial et les armoiries de Napoléon étaient semées d'abeilles d'or. Aussi a-t-on dit quelquefois les abeilles pour l'Empire.

    Constellation australe qu'on nomme aussi Mouche indienne.

HISTORIQUE

XIIIe s. Et se il trovent aucun emblant ées (abeilles) en la forest, cil qui i seront trové feront au seigneur soixante sols d'amende, Du Cange, apicularii. Il m'avironnerent aussi comme es, Psautier, f. 143.

XVe s. Le suppliant et Colin trouverent une bezanne [ruche] d'abeulles, la levèrent et en prirent tout le couppeau et le miel de dedans, Du Cange, besana. Une multitude d'avilles, ce sont mouches qui font la cire et le miel, Du Cange, avillarium.

XVIe s. Les ruches sont pleines quand les abeilles chassent opiniastrement de leurs ruches les freslons ou abeillauds, De Serres, 447. Les abeilles ou avettes, les guespes, les freslons, Paré, 23, 34. Ainsi qu'au mois d'avril, on voit de fleur en fleur, De jardin en jardin, l'ingénieuse abeille Voleter et piller une moisson vermeille, Ronsard, Sonn. à des Caurres.

ÉTYMOLOGIE

Berry, avette ; picard, ès, eps ; provenç. abelha ; espagn. abeja ; ital. ape. L'ital. ape, l'anc. franç. ée, le picard ès, eps viennent de apis ; le berry vient d'un diminutif en ette, apette ou avette ; le français, le provenç. et l'espagn. d'un diminutif apicula. Dès les premiers temps du bas-latin, on trouve une tendance à substituer le b au p du mot primitif ; par ex. De furtis abium, Lex Sal. LASPEYRES, p. 26.