« ailleurs », définition dans le dictionnaire Littré

ailleurs

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ailleurs

(a-lleur. L's ne se lie pas. Ailleurs on est mieux, prononcez : a-lleur on est mieux. Ayez soin de mouiller les ll et de ne pas dire, comme plusieurs, a-yeur. Ménage remarque que les badauds de Paris prononçaient a-li-eurs en trois syllabes, ce qu'il réprouve ; on entend encore quelquefois cette prononciation ; elle est très fautive) adv.
  • 1Dans un lieu autre que celui où l'on est. Ailleurs qu'au théâtre. Nulle part ailleurs. Vous êtes distrait, votre esprit est ailleurs. Il les a envoyés se consoler ailleurs, Sévigné, 153. Il se lève déconcerté et chagrin et va dire ailleurs qu'il veut se remarier, La Bruyère, 5. Ne le cherchez pas ailleurs que dans la maison de ce riche qu'il gouverne, La Bruyère, 5.
  • 2Partout ailleurs, en tout autre lieu.
  • 3Ailleurs, dans un autre passage, en parlant d'un livre. Nous avons dit ailleurs… Ailleurs il est dit…
  • 4Chez une autre personne. Son cœur était donné ailleurs. Il vous hait ; son âme ailleurs éprise…, Racine, Andr. II, 2. Quoi ! s'il aimait ailleurs, serais-je dispensée…, Corneille, Poly. III, 2. [Cléante et sa femme] Chacun de sa part fait tout le plaisir et tout l'agrément des sociétés où il se trouve : l'on ne peut voir ailleurs plus de probité, plus de politesse…, La Bruyère, 5.
  • 5D'ailleurs, d'un autre endroit, d'un autre côté, au propre et au figuré. Vous croyez que ces fruits viennent de Touraine ; ils viennent d'ailleurs. Nous dépendons des supérieurs ; ils dépendent d'ailleurs, Pascal, Prov. 2. Hermippe tire le jour de son appartement d'ailleurs que de la fenêtre ; il a trouvé le secret de monter et de descendre autrement que par l'escalier, La Bruyère, 14.
  • 6De plus, outre cela. Et vous avez d'ailleurs Laodice en otage, Corneille, Nicomed. V, 3. Et d'ailleurs Polyeucte est d'un sang qu'on révère, Corneille, Poly. III, 5.
  • 7Pour le reste, du reste. Homme d'ailleurs plein de savoir. Père injuste, cruel, mais d'ailleurs malheureux, Racine, Mithr. II, 6. Nestor et Philoctète, ces deux capitaines d'ailleurs si sages et si expérimentés, n'étaient pas assez secrets dans leurs entreprises, Fénelon, Tél. XVI. Les commentateurs et les scholiastes, si fertiles d'ailleurs, si abondants et si chargés d'une vaine et fastueuse érudition dans les endroits clairs et qui ne font de peine ni à eux ni aux autres, La Bruyère, 14.
  • 8Par ailleurs, par une autre voie. Il faut faire venir vos lettres par ailleurs.

HISTORIQUE

XIIe s. En Normandie vint, aler aillors ne sout, Rou, 2528. Ne ma joie ne peut venir d'aillors, Couci, VII. Tant [j']ai en lui [elle] ferme assis mon courage, Qu'aillors [je] ne pense…, ib. XI. Puisqu'allours [je] n'ai convoitise [d'amour], ib. p. 119. N'i a cel des messages [messagers] [qui] ne voussist [voulût] estre aillors, Sax. XXVII. Après celui [ils] eslurent dant Garin le Pohyier ; [ils] Ne sorent la corone allors mieux emploier, Sax. IV.

XVe s. Si ordonna le roi de France à garder le passage par où il convenoit que les Anglois passassent et non par ailleurs, Froissart, I, I, 277. Si monstre bien semblant que ailleurs sont ses pensées, Bouciq. IV, ch. 6. Toutefois il eut semblables lettres par ailleurs, Commines, II, 5.

XVIe s. Prens t'en ailleurs, Montaigne, VI, 22. Des honnestes hommes d'ailleurs, Montaigne, I, 37. Un homme qui pense ailleurs, ne…, Montaigne, III, 55. Accident que l'on ne sçauroit referer ailleurs qu'à la faveur des dieux, Amyot, P. Aem. 39.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. alhors ; non pas de alia hora, comme le veut Raynouard, mais de aliorsum, comme le dit Diez ; aliorsum pour alioversum, de alius, autre (voy. ALIÉNER), et versus, tourné (voy. VERSION).