« aloi », définition dans le dictionnaire Littré

aloi

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

aloi

(a-loi) s. m.
  • 1Titre légal de l'or et de l'argent. De l'or, de l'argent de bon, de mauvais aloi. Or de bas aloi, or qui n'est pas au titre. Je suis un sou de bon aloi ; Mais en secret argentez-moi, Et me voilà fausse monnaie, Béranger, Refus.
  • 2 Par extension. Le marchand voit s'il est de bon aloi [le cuvier], La Fontaine, Cuv. Cette marchandise est de trop bon aloi, Corneille, le Ment. I, 1. Forte femelle et d'assez bon aloi, La Fontaine, Troq.
  • 3 Fig. Vers de mauvais aloi. Style de bas aloi, médiocre en son genre. Sa tendresse n'est pas d'un bon aloi, Sévigné, 110. Il faut avoir un peu de ce bon aloi que nous regrettons, Sévigné, 532.

HISTORIQUE

XIIIe s. Tous les mestres et li vallet doivent ouvrer de boine œuvre et de loial et de boin aloy selonc ce qui a esté acoustumé en la ville de Paris, Liv. des mét. 56.

XVIe s. Ô Dieu, ton parler d'efficace Sonne plus cler que fin alloy, Marot, IV, 340. Leurs ames, du plus bas aloy, rapportent faussement le fruict de la science, Montaigne, I, 149. Il y avoit une grande quantité de pieces antiques de monnoie, les unes d'argent, les autres d'aloi [alliage], desquelles il ne savoit la valeur, Despériers, Contes, XX. Il meit en avant (encores que les deputez de l'empereur fussent contents de prendre les escus marchans et ayans cours) qu'on meist les dits escus au marc et à l'aloy [titre], Du Bellay, M. 159. Celui qui dignement voudra chanter ta grace, Ta vertu, tes honneurs, il faudra qu'il se fasse Argentier general ou tresorier d'un roy, Ayant tousjours les doigts jaunes de ton aloy [or], Ronsard, 910.

ÉTYMOLOGIE

Bas-lat. alleium, aleium, alaium. Ménage suppose un mot latin adlex qu'on aura pu dire de même qu'exlex, comme qui dirait selon la loi : « Du Haillan, ajoute-t-il, dans son traité de l'Estat de France : Les monnoyes de France sont altérées et de mauvaise loy ; la corruption du langage dit alloy, mais il faut dire loy, pource que la monoye est la loy du peuple. Dans les anciennes ordonnances touchant les monnoyes, il n'y a que loy : à 24 caras de loy ; qui ne sont pas de telle loi, et c'est comme parle M. de Bouteroue. » On trouve dans le provençal ley avec le sens de titre : Els no son ni de ley ni de pes, dans Raynouard. Dans l'italien aloi se dit lega, et aussi allegato, de bon aloi. En espagnol ley signifie aussi aloi. Toutes ces concordances paraissent bien démontrer que aloi vient de à (voy. À) et loi (voy. LOI) ; ce qui est conforme à la loi. Cependant il est difficile de ne pas y remarquer aussi une confusion avec allier, alliage. Lega italien est plus près de ligare que de lex ; et plusieurs des anciennes formes françaises se rapprochent aussi d'allier.