« amer », définition dans le dictionnaire Littré

amer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

amer, ère

(a-mèr, mê-r') adj.
  • 1Qui a une certaine saveur désagréable, comme l'absinthe ou le quinquina. Avoir la bouche amère, sentir dans la bouche un goût d'amertume.

    En poésie, l'onde amère, l'eau de la mer. Les chevaux du soleil sortant de l'onde amère, Fénelon, Tél. IV.

  • 2 Fig. Triste, pénible. Une douleur amère. Sa perte, que je veux, me deviendrait amère, Corneille, Cinna, I, 2. Cependant mon destin est à ce point amer, Corneille, Agésil. V, 5. Ce sont des répugnances qui ne sont amères qu'aux sens, Massillon, Car. Dégoûts. La piété et la vie chrétienne sont trop amères à la nature pour être jamais le parti du plus grand nombre, Massillon, Car. Élus. Les dégoûts de la vertu ne sont pas si amers que ceux du monde, Massillon, Dégoûts. Pour épargner les moments les plus amers d'une sainte tristesse, Massillon, Mélanges. Ils menèrent une vie pauvre, dure, amère, Massillon, Confér. Revenus. Ce bonheur amer que la crainte empoisonne, Delavigne, Paria, I, 2. Mes premières paroles furent amères à mon père…, Montesquieu, Lett. pers. 67.

    En style marotique et en parlant d'une maîtresse, cruelle. Depuis le jour qu'amour trouva Celle qui me fut tant amère, Chaulieu, t. I, 210.

    Larmes amères, celles qu'une profonde douleur fait répandre. Je versais des larmes amères, Fénelon, Tél. IV. Malgré les pleurs amers dont j'arrose ces lieux, Créb. Électre, I, 6.

  • 3Dur, offensant. Une raillerie amère. Un reproche amer. Le zèle des saints Pères était encore bien plus amer, Sévigné, 344.

    Familièrement, il est d'une bêtise amère il est extrêmement sot.

  • 4 S. m. Ce qui est amer. L'amer et le doux sont deux qualités contraires.
  • 5Fiel de quelques poissons. L'amer d'une carpe. L'amer d'un brochet. On le dit aussi en parlant du bœuf : l'amer du bœuf.
  • 6 S. m. plur. Les amers. Terme de médecine. Groupe de médicaments remarquables par leur amertume plus ou moins prononcée.

PROVERBES

Qui est amer à la bouche est doux au cœur ; c'est-à-dire des choses désagréables peuvent être salutaires.

On ne peut mâcher amer et cracher doux ; c'est-à-dire les mauvais traitements aigrissent le caractère.

HISTORIQUE

XIIe s. Puis il fu en Egipte asez plus qu'emperere, E guardi ses parenz de la famine amere, Th. le Mart. 65.

XIIIe s. Li nature a une vesie qui se tient à une des brances du foie, qui est apelée l'amer, Alebrand, f° 39. Ne soiez vers les pauvres ne sure ne amere, Berte, IV. Lasse ! com j'ai trouvé gent mauvaise et amere, ib. XVIII. Car la nuit qu'ai passée, [j'] ai trouvé mout amere, ib. XLIV. Se vers moi [vous] eüssiez eü pensée amere Si comme avoit Tybers, ib. CXI. Ysengrin a fet sor Renart Fol jugement et fol esgart ; Trop est d'aus deus la guerre amere, Ren. 18031. Certes, Honte, ja n'amerai Ne vous, ne Raison votre mere, Qui tant est as amans amere, la Rose, 20982. Amant sentent les maulx d'amer [aimer], Une hore dous, autre hore amer, ib. 2193. Comment le maulvais empereur Neron, par sa grande fureur, Fist devant luy ouvrir sa mere, Et la livrer à mort amere, Parceque veoir il vouloit Le lieu où conceü l'avoit, ib. 6198.

XIVe s. Et les choses qui sont douces selon verité leur semblent aucune foiz ameres, Oresme, Eth. 70.

XVe s. Vrais Diex, en qui n'a point d'amer, Vueilles nous secourir, sy te plaist ; Perdu avons, dont nous desplait, L'estoille qui nous conduisoit, le Jeu des trois rois.

XVIe s. À vous elle est trop plus douce que miel, Aux desloyaux plus amere que fiel, Marot, I, 287. Le sens est une puissance naturelle de discerner et cognoistre autant le blanc comme le noir, et non plus le doulx que l'amer, ou le mol et enfondrant comme le dur et le ferme, Amyot, Démétr. 1.

ÉTYMOLOGIE

Berry, amar ; provenç. amar ; espagn. amargo ; ital. amaro ; d'amarus.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

AMER. Ajoutez :

7Synonyme de bitter, liqueur. Je n'étais pas ivre ; j'avais seulement bu deux verres d'amer, Gaz. des Trib. 28 mars 1875, p. 302, 2e col.