« amertume », définition dans le dictionnaire Littré

amertume

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amertume

(a-mèr-tu-m') s. f.
  • 1Saveur amère. L'amertume de l'absinthe.
  • 2 Fig. Peine, déplaisir, tristesse. L'absence jette une certaine amertume qui serre le cœur, Sévigné, 209. Elles me font sentir plus tristement l'amertume de votre absence, Sévigné, 436. Il [l'amour] a de l'amertume à son commencement, Malherbe, V, 26. Pour repasser dans l'amertume de son âme toutes les années de sa vie, Fléchier, Dauph. L'amertume de leur pénitence, Fléchier, Serm. I, 229. Sa douleur sera grande à ce que je présume ; Mais j'en saurai sur l'heure adoucir l'amertume, Corneille, Rod. IV, 4. Il trouve l'amertume Au milieu des plaisirs, Racine, Esth. II, 9. Ma plus grande amertume, en ce funeste sort, C'est d'entendre Alvarez prononcer notre mort, Voltaire, Alz. V, 4. Il meurt dans l'amertume, et son âme incertaine Demande en soupirant si vous êtes chrétienne, Voltaire, Zaïre, II, 5. Que cet état nouveau où vous allez entrer console toutes les amertumes de votre pénitence passée, Massillon, Confér. Jubilé. Vous écrivez contre moi, dans le livre de votre colère, toutes les amertumes de mes passions, Massillon, Avent. Mort du péch. Repandez des amertumes sur des passions insensées, Massillon, Prof. 2. L'amour du monde répand sur le cœur une amertume universelle, Massillon, Prière. Vous êtes venu répandre l'amertume de votre cœur au pied des tribunaux sacrés, Massillon, Rech. Il faut boire toute l'amertume de ce calice, Massillon, Car. Dégoûts. Répandre mille amertumes sur leurs plaisirs, Bossuet, Souff. 1. Ils ont goûté en esprit les amertumes de la croix, Bossuet, Hist. II, 2. Cet inconnu m'a répondu comme un homme qui écoute à peine ce qu'on lui dit et qui est plein d'amertume, Fénelon, Tél. XXIV. âmes mercenaires, qui ne peuvent veiller une heure en amertume avec Jésus agonisant, Fénelon, t. XVII, p. 268. Le Christ a bu jusqu'à la lie le calice d'amertume, Chateaubriand, Génie, II, II, 8. M. de La Trappe excusait tout ce qu'il ne pouvait nier, et avalait à longs traits l'amertume de ce calice [les duretés de Gervaise], Saint-Simon, 61, 23. Bien que tout reconfort lui soit une amertume, Avec quelque douceur qu'il lui soit présenté, Malherbe, VI, 11.
  • 3Ce qu'il y a d'amer, d'offensant, de mordant dans des paroles, des écrits, etc. Seigneur, trop d'amertume aigrirait vos reproches, Racine, Iphig. III, 7. L'amertume et le zèle d'Élie sur les scandales et l'idolâtrie d'Israël, Massillon, Car. Passion.

HISTORIQUE

XIIe s. Mais de ço est en mun quer grant amerté asise Que ne vus ai el chief la corune d'or mise Sulunc la dignité de nostre mere iglise, Th. le Mart. 129. Et tuz ces ki furent en anguisse, e ces ki furent traveillez pur dette qu'il durent, e ki furent en amertume de lur curage, s'asemblerent od David, Rois, 85. Envelopeiz soit d'amertume, Job, 459.

XIIIe s. Que lupin soient tempré en l'ewe, tant que leur amertune soit ostée, Alebrand, f° 51. Mès qui bien les esproveroit, Tant d'amertume i troveroit, Qu'il s'i craindroit moult à bouter ; Tant fait lor grace à redouter, la Rose, 18784. Vierge qui du haut fil de Dieu t'enceinturas, Qui le dous fruit de vie en tes flans meüras, Dont toute l'amertume du monde assavoras, Ne nos oblie mie…, J. de Meung, Test. 2123.

XVIe s. Voy mes compaings lesquels ont de coustume Faire grands plaints de pareille amertume, Marot, I, 316. Sçais-tu pas bien qu'amour a de coustume D'entremesler ses plaisirs d'amertume ? Marot, I, 340. Elle engendre en l'ame une mauvaise habitude, que l'on appelle cholere, laquelle finablement devient un feu d'ire soudain, une amertume vindicative, Amyot, Comm. refren. la cholere, 6.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. amaruns ; de amaritudinem, de amarus (voy. AMER). On a dit aussi amerté dans l'ancien français.