« apporter », définition dans le dictionnaire Littré

apporter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

apporter

(a-por-té) v. a.
  • 1Porter au lieu où est une personne. Apportez-moi le livre qui est sur ma table. Le courrier a apporté de bonnes nouvelles. La marée apporte sur la rive les débris du naufrage. Le flot qui l'apporta recule épouvanté, Racine, Phèdre, V, 5.

    Absolument. Je mange chez moi ; on m'apporte de chez un restaurateur assez passable, Courier, Lett. II, 171.

    Par extension. Les vices que nous apportons en naissant. En est-ce fait, Julie ? et que m'apportez-vous [annoncez] ? Corneille, Hor. III, 2. Chimène à vos genoux apporte sa douleur, Corneille, Cid, II, 8. Votre rivale en pleurs Vient à vos pieds sans doute apporter ses douleurs, Racine, Andr. III, 3.

  • 2Fournir pour sa part. Dans cette société les uns apportent leur industrie, les autres leurs capitaux. Elle apporte en mariage dix mille livres de rente.
  • 3Employer, mettre. Il a apporté beaucoup de soin à l'examen de cette affaire. Quelque soin qu'on apporte à… Depuis plus de quatre ans vous voyez quelle adresse J'apporte à rejeter l'hymen de la princesse, Corneille, Héracl. IV, 4. Puis nous verrons quel ordre on y doit apporter, Corneille, Nicom. II, 2.

    Apporter remède, remédier à une chose.

    Apporter des obstacles à une chose, en rendre l'exécution, le succès difficile.

    Apporter des facilités, rendre facile.

  • 4Causer, produire. Apporter du profit. Les exemples des morts généreuses des Lacédémoniens et autres ne nous touchent guère ; car qu'est-ce que tout cela nous apporte ? Pascal, Pens. part. II, art. 17. Si mon retour t'apporte quelque joie, Arsace, rends-en grâce à mon seul désespoir, Racine, Bérén. V, 2. La fausse paix que cette confiance téméraire apporte…, Pascal, Prov. 9. Pour éviter la confusion que la multitude des paroles apporte, Pascal, Pens. part. I, art. 2. Les sens abusent la raison par de fausses apparences ; et cette même piperie qu'ils lui apportent, ils la reçoivent d'elle à leur tour, Pascal, ib. part. I, art. 6.
  • 5Alléguer, citer. Saint Cyprien en apporte la raison : c'est dit-il…, Bourdaloue, Carême, I, Impénit. fin. 461. En apportant quelque mauvaise défaite sur la dernière [décision], vous voulez faire croire que vous avez répondu sur toutes les deux, Pascal, Réfut. de la rép. à la 12e lettre. La différence essentielle que St Paul apporte de ces deux états, c'est que…, Fléchier, III, 335.

HISTORIQUE

XIe s. De Saragoce [je] vous aporte les clefs, Ch. de Rol. LIII. Males nouveles il lui aporte et dit, ib. CCLV.

XIIe s. Et les escriz que je ai aportez, Ronc. p. 22. Moult firent grant folie li mès [messagers], ce m'est avis, Qui tel chose aporterent à nous en cest pays, Sax. XX. Par ço delivrement une espée aportez, Rois, 236.

XIIIe s. Li une lui aporte à manger d'un poucin, Berte, LV.

XVe s. Et puis nagerent à plein voile, ainsi que le temps l'apportoit, Froissart, I, I, 195.

XVIe s. La parole n'est pas moins requise à la foy, que la racine vive d'un arbre pour lui faire apporter fruict, Calvin, Instit. 446. Ces vignes apportent du vin qui n'est pas moins estimé qu'hippocras, Palissy, 350.

ÉTYMOLOGIE

Apportare, de ad, à, et portare (voy. PORTER) ; bourguig. épotai ; provenç. et espagn. aportar ; ital. apportare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

APPORTER. Ajoutez : - REM. J. J. Rousseau s'est servi de ce mot au sens d'emporter : Je ne saurais dire exactement combien de temps je demeurai à Lausanne ; je n'apportai pas de cette ville des souvenirs bien rappelants, Confess. IV. Cet emploi est mauvais.