« appointer », définition dans le dictionnaire Littré

appointer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

appointer

(a-poin-té) v. a.
  • 1 Terme de palais. Régler un appointement en justice. Les parties ont été appointées à fournir des débats de compte. L'affaire, ne pouvant être jugée que sur rapport, a été appointée. On appointe la cause, Racine, Plaid. I, 7. L'arrêt donna gain de cause à M. de Luxembourg sur l'érection de 1662, et l'appointa sur celle de 1581, Saint-Simon, 36, 162.
  • 2Donner des appointements. Au premier janvier, on appointera tous les surnuméraires.
  • 3Dans les troupes, appointer d'une corvée, d'une garde, l'imposer par punition.
  • 4Appointer un procès, un différend, l'arranger. Doucement, en riant, j'appointais nos procès, Régnier, Sat. I.
  • 5Rendre pointu. Appointer un bâton.
  • 6 Technologie. Fouler un cuir pour la dernière fois, avant de le mettre au suif.

    Faire deux ou trois points à un matelas ployé en deux pour qu'il ne se déploie pas.

    Coudre les bouts d'une pièce d'étoffe afin qu'elle ne se déploie pas.

HISTORIQUE

XIIIe s. Li sires deffent à porter coutel apointé ou aucune armeure molue, Beaumanoir, XXX, 34. Et pour les quatre deniers, le mestre des crieurs li doit adrecier ses mesures et apointier [mettre justes], Liv. des mét. 24.

XVe s. Il s'esbayroit bien tost si le cas le touchoit de quelque chose, et seroyt homme pour appointer [s'accommoder] bien legierement et nous laisser en la fange, Commines, I, 5. En somme ses amis estoient si las et si foulez pour l'avoir tant attendu, que le pape avoit appointé [s'était accommodé], et les barons du royaume aussi…, Commines, VIII, 1. Il acheta une lamproye qu'à sa femme envoya pour apointer [apprêter], afin de festoyer son curé, Louis XI, Nouv. XXXVIII.

XVIe s. Un pigne grand de 100 cannes, appoincté de grandes dens d'elephanz toutes entieres, Rabelais, Garg. I, 37. Il est allé chez le mareschal, soy faire esguiser et appoincter les gryphes, Rabelais, Pant. IV, 47. Cestuy homme de bien appoinctoyt plus de procez que il n'en estoyt vuydé en tout le palays de Poictiers, Rabelais, ib. III, 41. Ils ont des espées de bois appointées par un bout, Montaigne, I, 239. D'un costé elles vont en eslargissant, et s'appoinctant et estrecissant par l'aultre, Montaigne, II, 372. On recourt à eulx pour appoincter les differends, Montaigne, III, 7. Par ceste response les Romains cogneurent bien qu'il n'y avoit point de moyen d'appointer avec ce roy Brennus, Amyot, Cam. 28. Avec promesse de les traiter et autant avantageusement appointer que capitaines de l'armée, Carloix, I, 13.

ÉTYMOLOGIE

Appoint ; wallon aponti, apprêter ; provenç. apontar, apointar ; espagn. apuntar ; ital. appuntare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

APPOINTER.
1Ajoutez :

Dans l'ancienne jurisprudence, appointer un procès, d'après Furetière, décider qu'il sera jugé sur production de pièces et de mémoires sans plaidoiries orales. Un juge appointe un procès quand il veut favoriser une des parties, Furetière. Il était question [dans un procès plaidé à Sarlat] de donner du pain, par provision, à des enfants qui n'en avaient pas… on appointa la cause, c'est-à-dire, en bonne chicane, qu'il fut ordonné à ces malheureux de plaider à jeun, et les juges se levèrent gravement du tribunal pour aller dîner, Fénelon, Lett. à Mme de Laval, 16 juin 1681.