« bénéfice », définition dans le dictionnaire Littré

bénéfice

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bénéfice

(bé-né-fi-s') s. m.
  • 1Service, bienfait. Nous recevons double grâce et bénéfice de notre Dieu au baptême, Fénelon, II, 17.

    Bénéfice de temps, l'avantage qu'apporte d'ordinaire le temps à qui sait ou peut attendre. Cellamare attendait du secours du bénéfice du temps ou des inégalités de la Hollande, Saint-Simon, 500, 52. Jugurtha, qui attendait tout du bénéfice du temps, ne songeait qu'à amuser le consul et à tirer les choses en longueur, Vertot, Révol. rom. IX, p. 385.

    Terme de médecine. Bénéfice de nature, évacuation spontanée quelconque qui soulage. Bénéfice de ventre, ou simplement bénéfice, diarrhée spontanée qui soulage. Il [Claude] fut délivré du premier danger [le poison] par un bénéfice de ventre, Perrot D'Ablancourt, Tacite, 396.

    Bénéfice de la loi, avantage que la loi présente et dont on peut user. Profiter du bénéfice de la loi. Ne leur ôtons point la liberté de conscience dont ils jouissent par le bénéfice des édits, Guez de Balzac, Liv. VI, lett. 7. Ce consul soutenait qu'il était impossible de maintenir la paix et l'union entre les citoyens d'un État libre, si, par le bénéfice de la loi, on ne rapprochait la condition des pauvres de celle des riches, Vertot, Révol. rom. III, p. 283.

    Terme de droit. Bénéfice d'inventaire, faveur accordée à l'héritier, par les lois, de n'être chargé des dettes du mort, qu'à proportion de ce qu'il hérite ; ce qui se vérifie par l'inventaire. Accepter une succession sous bénéfice d'inventaire.

    Fig. Un païen, qui sentait quelque peu le fagot, Et qui croyait en Dieu, pour user de ce mot, Par bénéfice d'inventaire, La Fontaine, Fabl. IV, 19.

    Bénéfice de cession, grâce qu'on accorde aux débiteurs insolvables, par laquelle ils demeurent libres en cédant tout ce qui leur reste de biens à leurs créanciers.

    Bénéfice d'âge, dispense qui s'obtient pour posséder un office, ou pour régir son bien, avant l'âge marqué par les lois.

  • 2Dans l'histoire du moyen âge, partie des terres conquises dans les Gaules qui fut distribuée par les princes barbares entre les principaux de leurs hommes. Le bénéfice était donné à vie, et ainsi nommé parce que le donataire le possédait par la libéralité et le bien fait du donateur. Le bénéfice, étant devenu héréditaire, se transforma en fief.
  • 3Charge spirituelle, accompagnée d'un certain revenu, que l'Église donne à un homme qui est tonsuré ou dans les ordres, afin de servir Dieu et l'Église. Les évêchés, abbayes, cures, chanoinies, chapelles, prieurés, sont les divers genres de bénéfices. J'obtins un petit bénéfice de campagne pour mon aumônier, Hamilton, Gramm. 8. Se faisait abbé qui pouvait ; j'entends abbé à bénéfice, Hamilton, ib. 2.

    Bénéfice à charge d'âmes, celui qui oblige à être prêtre, et où l'on est chargé de la direction des âmes. Les évêchés, les cures, les abbayes régulières, les premières dignités des chapitres sont des bénéfices à charge d'âmes.

    Fig. Il faut prendre le bénéfice avec les charges, c'est-à-dire, quand une chose est avantageuse, il ne faut pas, on ne peut en laisser les charges ou les inconvénients, et n'en prendre que les avantages.

    Bénéfice consistorial, celui qui, étant à la nomination du roi, devait être proposé dans le consistoire de Rome.

    Bénéfice simple ou à simple tonsure, bénéfice n'ayant pas charge d'âme et pouvant être possédé par un clerc tonsuré, qui n'a d'autre obligation que de dire son bréviaire.

    Bénéfice en titre ou en règle, celui qui est possédé par un religieux.

    Bénéfice manuel, bénéfice dépendant d'une abbaye et qu'on envoie desservir par un religieux amovible au gré du supérieur.

    Bénéfice sécularisé, bénéfice qui, par dispense du pape, peut être possédé en commende par des séculiers.

    Fig. Il n'a ni office ni bénéfice, se dit d'un homme qui est obligé de vivre du travail de ses mains.

    Lieu de résidence du titulaire. Que fais-tu cependant seul en ton bénéfice ? Boileau, Épît. 2.

  • 4Gain, profit. Bénéfices très considérables. Il a réalisé son bien avec bénéfice. Il ne faut pas faire du bien pour en tirer bénéfice. Rechercher un bénéfice licite. Les bénéfices de l'entrepreneur, du banquier.

    Représentation à bénéfice, représentation dont le produit est abandonné par le théâtre à un comédien, à un auteur, etc.

  • 5Nom que les Juifs d'Amsterdam donnent aux diamants de rebut.

    PROVERBE

    Les chevaux courent les bénéfices, et les ânes les attrapent, c'est-à-dire il arrive souvent que des gens obtiennent ce qu'ils ne méritent pas.

HISTORIQUE

XIIIe s. Cil qui de soi estoit mauvès out tost obliez les benefices que li empereres li out faiz, Rec. des Hist. de France, t. VI, p. 148. Les benefices de sainte Esglise donne à bones persones et de nete vie, Joinville, 301.

XIVe s. Quel profit seroit-ce d'avoir tele bonne fortune qui ne feroit de benefice à autre ? Oresme, Eth. 228. Celui qui reçoit aucun bien ou benefice, il est mendre [moindre, inférieur] quant à celui qui le fait, Oresme, ib. 123.

XVIe s. Si les opinions estrangieres m'estoient presentes par le benefice de la memoire, Montaigne, I, 34. Celle que je doibs au benefice de ma cholique, ce n'est ny chasteté ny temperance, Montaigne, III, 273. Ceulx qui courent un benefice ou un lievre ne courent pas, Montaigne, IV, 160. Le senat ne voulut point que ce personnage retournast par la grace et le benefice du peuple, Amyot, Cor. 45. Il suffit que nous monstrions avoir souvenance de son benefice [bienfait], Amyot, Cimon, 5.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. benefici ; espagn. beneficio ; ital. benefizio ; de beneficium, de bene, bien (voy. BIEN, adv.) et facere, faire.